Arizona Muse : "La surconsommation de vêtements implique de réfléchir à de nouvelles habitudes "

Arizona Muse : "La surconsommation de vêtements implique de réfléchir à de nouvelles habitudes "

Quand on a travaillé avec les plus grands photographes, côtoyé les designers stars, défilé pour Louis Vuitton, Fendi, Saint Laurent ou Dior, que reste-t-il à entreprendre ? Celle qui a été comparée à Lauren Bacall pour son port altier et son aura mystérieuse répond : «À se mobiliser pour le développement durable, travailler sur l’évolution des modèles de production de la mode et du luxe vers des procédés plus responsables socialement et écologiquement.» Une évidence pour la top-modèleaméricaine Arizona Muse, qui, en plein shooting dans la région parisienne près de Rambouillet, a choisi de séjourner dans l’hôtel Barn, un spot écologique accompagné de Sy, sa petite fille de deux mois. «Mais cela ne signifie pas que j’arrête mon métier de mannequin, au contraire. Je l’aime trop et j’ai besoin du statut qu’il me confère pour espérer donner à mes prises de position le plus d’impact possible.»

À 30 ans, cette jeune maman de deux enfantsa trouvé un supplément d’âme dans son engagement écologique. «Cette réflexion sur le développement durableest une cause passionnante au service de la mode, de la création et d’un monde meilleur. Cela s’apparente pour moi à une révolution existentielle.»

Arizona Muse, top éthique

La top éthique
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Enfance hippie cool, terreau de son engagement

Aujourd’hui, Arizona mène campagne. Ce n’est pas une posture : «Ce combat est pour moi essentiel car il ressemble à un retour aux sources.» Elle n’oublie pas son enfance à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, dans un milieu «hippisant», ses parents concernés par l’écologie, son éducation dans les écoles Steiner, qui développent créativité, force de caractère et amour de la nature. «J’avais un cheval, qui s’appelait Ebony, avec qui je passais mon temps. Nous menions, mon frère et moi, une vie au grand air. Du sport en toute saison.» Arizona voulait devenir médecin. Mais un scout d’une agence de mannequins la découvre dans les rues de Santa Fe et, à 21 ans, lui fait signer ses premiers contrats.

Arizona Muse :

Après dix ans de carrière, Arizona comprend que le monde de la mode, étroitement connecté à ceux de l’économie, de la politique, de l’agriculture, est le terrain idéal pour entreprendre sa croisade. Mais attention, elle ne se prend pas pour le messie. Sa démarche a l’humilité des ethnologues. Avant de parler, elle regarde et que voit-elle ? «L’utilisation de produits chimiques dans la fabrication des tissus et des teintures avec, pour conséquence, l’épuisement de la terre. La surconsommation de vêtements implique aussi de réfléchir à de nouvelles habitudes de consommation, plus intelligentes et moins compulsives.» Et comment ? «Mais cela s’apprend», s’exclame-t-elle. «Il faut travailler, s’informer, lire des livres, suivre des conférences, écouter les experts. Moi, je passe mon temps à étudier, notamment à l’université de Cambridge, où j’assiste régulièrement à des cours, et je constate que plus je m’informe et plus j’ai envie de consommer différemment.»

Une ambition : créer sa propre marque écoconsciente

Arizona a les pieds sur terre et fait des propositions simples. «Est-ce si compliqué d’être écologique ? On pourrait commencer par lire les étiquettes des vêtements que l’on achète, privilégier le coton bio, le lin, le chanvre dont la culture ne nécessite pas de traitement chimique, organiser chez soi des échanges entre amies qui permettent aux vêtements d’avoir une deuxième vie.»

La belle Américaine a l’intention de créer sa propre marque, non pour être designer mais pour tester de nouveaux matériaux, «plutôt des matières naturelles biodégradables». Elle est aussi l’ambassadrice de Sustainable Angle, une organisation suisse non gouvernementale dont l’objectif est de soutenir les projets les moins polluants, notamment les recherches sur les textiles les plus écologiques. Elle a assisté aux débats engagés organisés par les géants du luxe au sommet de la mode à Copenhague en mai, a fait aussi partie du comité de direction de Paris Good Fashionaux côtés de Kering, LVMH et Chanel. Une association qui veut transformer la Ville Lumière en capitale de la mode écoresponsable d’ici à 2024, l’année des Jeux olympiques.

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