La saga du carré Hermès, l’emblème du luxe à la française

La saga du carré Hermès, l’emblème du luxe à la française

par Clémentine Pomeau-Peyre

Il se porte noué dans les cheveux, en dos nu, en ceinture, en bracelet, autour du cou ou négligemment accroché à un sac en toile. Depuis la fin des années 1930, le carré Hermès a su se renouveler sans changer pour devenir un classique indémodable. En deux jours de vente, les 9 et 10 novembre, la maison Cornette de Saint Cyr propose de parcourir toute l’histoire de cet accessoire emblématique du luxe à la française.

« Dans la majorité des successions, il y a au moins un carré Hermès », estime Hubert Felbacq, qui souligne ainsi l’incroyable lien tissé entre les Françaises et cette étoffe. Et au vu du nombre de carrés proposés en vente tous les jours, il a certainement raison ! En revanche, une petite proportion seulement de ces foulards dépasse l’estimation habituelle de 80 à 150 euros. Dans les ventes des collections de Didier Ludot et Félix Farrington, les 9 et 10 novembre à Paris et en live sur Interencheres, un certain nombre dépasse effectivement cette fourchette et atteignent des estimations autour de 200 à 300 euros. La différence de valeur tient essentiellement à l’histoire de ces accessoires. Le carré Hermès naît en 1937 sur une idée de Roger Dumas et de la styliste Lola Prusac. Le premier motif à voir le jour « Jeu d’omnibus et de dames blanches » est un clin d’œil à l’inauguration de la ligne de transport Madeleine-Bastille. Le cadre est fixé : 90 x 90cm, en twill de soie, avec des bordures roulottées.

La saga du carré Hermès, l’emblème du luxe à la française

Un classique indémodable

Porté en écharpe pour soutenir un bras cassé par Grace Kelly, en couvre chef par Brigitte Bardot, avec d’immenses lunettes noires par Jackie Onassis… Le carré va bénéficier d’une publicité incessante dans les années 1950 et 1960, au point de devenir le cadeau classique à offrir à une jeune fille. Hubert Felbacq s’en amuse : « tous les couturiers ont ensuite fabriqué des foulards en soie, souvent proposés en parfumerie, et c’était un cadeau idéal pour un homme, beaucoup plus simple à choisir qu’un parfum ! » Du côté des motifs, les thèmes chers à la maison Hermès, et directement inspirés de son passé de sellier, vont donner naissance à de multiples carrés. Le plus classique des classiques restant les Brides de Gala, qui existe en dizaines de couleurs différentes.

Une myriade d’artistes vont également avoir l’occasion de s’exprimer sur ce cadre. Parmi les plus recherchés, Xavier de Poret, dans les années 1960 : « avec des thèmes autour de la chasse et surtout des animaux, il intéresse les amateurs de pékinois, de chats persans, de teckels, qui veulent un carré à l’image de leur animal préféré », détaille l’expert. Plus largement, il précise que si les foulards Hermès sont achetés par des collectionneurs ou des amatrices de mode, ils sont également recherchés pour leurs thèmes : « A la gloire de la Légion étrangère » pour ceux qui s’intéressent au militaria, « Voyages en Russie » pour les férus d’histoire, etc.

Une collection de plus de 700 carrés Hermès dispersée aux enchères

Avantage non négligeable, il existe peu de faux dans ce domaine. « La qualité de la soie, de la fabrication et des couleursfont qu’il serait bien trop coûteux de tenter l’aventure. Les carrés sont donc relativement épargnés », selon l’expert. Entre les années 1950 et les années 2000, la maison Hermès a également répondu à des commandes en fabriquant des éditions spéciales : un carré Paquebot France, uniquement en vente sur le navire, un autre pour la BNP, ou encore plusieurs foulards réalisés à l’occasion des Jeux Olympiques qui ont eu lieu en France. Des pièces éditée à peu d’exemplaires, et dont les prix montent facilement aujourd’hui.

La collection de plus de 700 carrés Hermès présentée lors de ces deux jours de vente « est un condensé de toute la production entre les années 1938 et les années 2000, avec plus d’une vingtaine de carrés datant des premières années, entre 1938 et 1945 », se réjouit Hubert Felbacq. Quelques pièces plus récentes montrent néanmoins le tournant opéré par la grande maison depuis une dizaine d’années : des couleurs plus flashy, des motifs plus modernes, afin de conserver la place du carré dans toutes les garde-robes. A noter qu’il existe une série de tutoriels sur le site de la marque, montrant comment nouer son carré et le transformer en petit top ou encore en housse de sac chic. Les hommes ne sont pas oubliés et peuvent apprendre, eux aussi, à s’approprier cet indispensable accessoire !

Enchérir | Suivez la vente des Carrés Hermès les 9 et 10 novembre en live sur interencheres.com

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