Défilé - Chloé - Prêt-à-porter automne-hiver 2018-2019

Défilé - Chloé - Prêt-à-porter automne-hiver 2018-2019

Hier matin, à l’heure du défilé Chloé, la nomination de Riccardo Tisci chez Burberry créait la surprise dans les rangs de la Fashion Week parisienne. Le designer italien, précédemment en poste chez Givenchy, a été remplacé, au printemps 2017, par Clare Waight Keller, qui officiait auparavant chez Chloé… La boucle est-elle bouclée ? Pas forcément : des contrats liant d’autres designers à d’illustres maisons arrivent bientôt à échéance, de récentes recrues ne remplissent pas pleinement leur contrat et, surtout, l’industrie de la mode a pris goût à cet incessant jeu de chaises musicales qui permet à toute marque de voler la vedette, de se raconter différemment par le prisme de son nouvel élu, de capter davantage l’attention que ses concurrents lors de son prochain défilé et, sinon d’écrire un autre chapitre de son histoire, tout du moins de tourner une page.

Défilé - Chloé - Prêt-à-porter automne-hiver 2018-2019

Étonnamment, le calendrier des shows parisiens ne compte pas de première collection signée par un directeur artistique issu de ce formidable mercato. Seulement des deuxièmes saisons qui s’avèrent généralement les plus difficiles car il s’agit, pour le styliste, de confirmer son galop d’essai en tenant compte à la fois des résultats et des critiques de l’opus initial. Chez Chloé, ­Natacha Ramsay-Lévi réussit cet exercice avec un certain panache. Elle imprime sa patte, mais rappelle aussi qu’elle a longtemps œuvré dans l’ombre de Nicolas Ghesquière chez ­Balenciaga et, plus récemment, chez Louis Vuitton. De ses dernières années au sein de la plus grande griffe de luxe venue de la maroquinerie, elle a conservé une sensibilité accrue pour les accessoires. Ses boots et ses souliers sanglés de l’hiver prochain sont particulièrement stylés, riches en associations de matières, de motifs et de passementeries ajoutés. Tout comme les sacs, voire le prêt-à-porter. Malheureusement, cet éclectisme a parfois le défaut de ses qualités côté vêtements. Souvent, la silhouette s’avère compliquée. Des découpes, des fentes, des quilles cherchent à réinventer des classiques en surjouant une féminité avec des évidements sur les côtes ou les hanches, des décolletés qui n’en finissent pas. Il y a cependant une énergie dans le propos de cette Parisienne que Chloé n’avait pas connue depuis ses années sous la férule de Phoebe Philo.

Frédéric Martin-Bernard