Brigitte Bardot est une femme d’habitudes. Tous les jours, elle quitte sa villa La Madrague à midi. Elle s’engouffre dans sa 4 L avec quatre ou cinq chiens et rejoint son autre maison de Saint-Tropez, La Garrigue, achetée à la fin des années 1970 sur le site paradisiaque du Capon. Elle y a pour voisin le milliardaire russe Roman Abramovitch, qui a acquis une luxueuse villa pour 250 millions d’euros. Elle ne sait pas qui il est. Ce qu’elle recherche, sur cette colline préservée, c’est retrouver le calme qui lui manque tant à La Madrague depuis des décennies.
« Treize bateaux à touristes font la rotation par jour, raconte son mari, Bernard d’Ormale. Ils s’approchent le plus près possible de nos fenêtres avec des haut-parleurs qui hurlent : “Voici la maison de Brigitte Bardot, vous pouvez prendre des photos !”C’est insupportable, on les entend de toutes les pièces et on ne peut plus ni sortir sur le ponton ni se baigner. »
C’est donc à La Garrigue que Bardot, 82 ans, se réfugie. Elle y travaille, lit les dizaines de mails et de lettres qui lui sont envoyés chaque jour, répond de son écriture ronde et enfantine. La plupart des courriers concernent la défense des animaux, d’autres sont des demandes de gens dans la détresse, qu’elle s’efforce d’aider. « Ce boulot la tue », confie son époux, qui est son fil avec le monde extérieur.
A La Garrigue, « Brigitte », comme on l’appelle ici, retrouve ses chèvres, cochons, moutons, canards, oies, ânes, qui vivent en liberté sur un terrain de quatre hectares. Le soir, elle retourne à La Madrague, où des badauds l’attendent, juste pour croiser son regard derrière les vitres sales de sa vieille bagnole. Elle a beau avoir fait enlever la pancarte indiquant le nom de sa demeure pour la remplacer par un « toutou’s bar », les curieux ne sont pas dissuadés. L’un d’eux a même volé la gamelle d’eau destinée aux chiens errants. La star a dû la remplacer par une autre, qu’elle a fait sceller. Depuis toujours, La Madrague a été pillée par des cambrioleurs à la recherche d’objets appartenant à l’idole.
Entre Bardot et Saint-Tropez, l’histoire a commencé bien avant la gloire, bien avant que Dieu ne crée la femme. Simone Duckstein, pimpante propriétaire de l’Hôtel de La Ponche aux yeux turquoise, se souvient de leur rencontre. Simone avait 7 ans, ses parents étaient divorcés. Brigitte en avait 14. « Ses parents possédaient une maison rue de la Miséricorde. Ils débarquaient avec elle et sa sœur du train Bleu et prenaient le petit-déjeuner à l’hôtel. Ma mère me demandait d’aller leur chercher des fougasses fraîches, je les regardais comme la famille parfaite, unie, bourgeoise ; ils étaient magnifiques. »
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