Les universités en première ligne pour lutter contre la précarité étudiante

Les universités en première ligne pour lutter contre la précarité étudiante

Epicerie, ressourcerie, prêt d’ordinateur et de clé 4G, distributeur de protections périodiques, colis alimentaires, chèques-services, bons d’achat… Jamais les universités n’avaient diversifié à ce point leurs prestations sociales. Depuis près de deux ans, les aides tant matérielles que financières à destination des étudiants ont été décuplées. Une population que la crise liée au Covid-19 « a affectée de manière inédite », affirme l’Insee dans son portrait social de la France, paru fin novembre.

« Le recours à l’aide spécifique ponctuelle – destinée aux étudiants confrontés à de graves difficultés financières – a fortement augmenté pendant les confinements et reste à un niveau inhabituellement élevé au premier semestre 2021 », observe l’institut. Alors que 6 400 étudiants en bénéficiaient au printemps 2019, leur nombre a doublé en un an, passant à 13 200 en avril 2020. En mars 2021, 11 700 étudiants avaient touché cette aide d’un montant moyen de 403 euros (et maximal de 2 600 euros).

Depuis la rentrée, l’université d’Evry est devenue l’un des centres de distribution des Restos du cœur dans le département de l’Essonne. Une fois par semaine, seize bénévoles s’activent entre midi et 16 heures pour accueillir un public qui restait minoritaire avant la crise sanitaire.

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Les universités en première ligne pour lutter contre la précarité étudiante

Comme chaque jeudi, la file d’attente s’allonge dans le couloir jusqu’au hall d’entrée de cet établissement de plus de 10 000 étudiants. Cabas sous le bras, des dizaines de jeunes patientent avant de se fournir en riz, pâtes, yaourts, légumes et produits d’hygiène. « Nous aidons 543 étudiants, un nombre multiplié par cinq depuis que nous sommes installés au cœur de la fac », calcule Pierrette, bénévole de 73 ans. Parmi eux, « très peu de boursiers, mais des étudiants étrangers ou français qui sont juste au-dessus du seuil pour le premier échelon d’aide et qui n’ont droit à rien ». Comme Charlotte, en troisième année de droit, dont les parents ne sont pas en mesure de financer ses études. Ou comme Yara, Tunisienne en deuxième année de licence de biologie, qui a perdu l’emploi de vendeuse qui lui permettait de « joindre les deux bouts ».

« On ne se paye plus le luxe de refuser des aides »

Les difficultés des étudiants sont devenues telles que « certains personnels des Crous [centres régionaux pour les œuvres universitaires et scolaires] ont affirmé avoir eu le sentiment de changer de métier pendant la crise sanitaire, et d’avoir “fait de l’humanitaire” », témoignent les députées Fabienne Colboc (La République en marche, Indre-et-Loire) et Muriel Ressiguier (La France insoumise, Hérault), dans un rapport publié en juillet 2020 sur le financement des Crous dans le contexte de la crise sanitaire. Entre la mi-mars et la mi-juin 2020, jusqu’à un million d’euros par semaine a été versé aux étudiants sous la forme d’aide alimentaire et d’aide au paiement des loyers, mais aussi d’aides à l’équipement en ordinateurs et en clés 4G, par les services sociaux des Crous et les universités.

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