Nantes : la fin des sacs plastiques au marché de la Petite Hollande, ce n'est pas gagné

Nantes : la fin des sacs plastiques au marché de la Petite Hollande, ce n'est pas gagné

Premier jour sans sacs plastiques au marché hebdomadaire de la Petite Hollande à Nantes, en théorie, car sur tous les étals, et à la main des clients, on en trouve. L'initiative de la municipalité ne fait visiblement pas l'unanimité. Chez les commerçants, comme chez les clients.

Chaque samedi, la vision de la place de la Petite-Hollande, après le départ des derniers clients et commerçants, est consternante. Des sacs en plastique blancs, partout, s'envolent dans tous les sens et finissent dans la Loire toute proche. Une image dégradante que nombre de nantais ne veulent plus voir. La municipalité a donc entrepris de convaincre commerçants et clients de renoncer à ces sacs plastiques, que la grande distribution à éliminés depuis déjà quelques temps.

Ce samedi matin, c'est le premier jour de la mise en œuvre de cette décision de renoncement. Plus de sacs disgracieux autant que polluants, et dangereux pour la faune du fleuve. Après concertation, et plusieurs semaines de préparation, la mesure, de bon sens à priori, doit prendre effet. Sauf que, entre les bonnes intentions et la réalité, il y a un pas difficile à franchir.

"Vous avez un sac ?" Entend-on chez les poissonniers à l'adresse des clients. Pas facile d'emballer le poisson humide dans du papier. "Cela fait quinze jours ou trois semaines qu'on en parle avec nos clients. Nous avons fait le choix de vendre les sacs en plastique 10 centimes, pour que les gens reviennent avec la prochaine fois", indique la marchande d'huitres des Moutiers-en Retz. Comme une consigne en quelque sorte.

Sur les étals alentours, les poissonniers ont fait le même choix, vendre un sac réutilisable. Une cliente âgée, qui choisit quelques petites soles, réagit, "après tout autrefois la poissonnière emballait le poisson dans du papier journal et personne n'y trouvait à redire". Elle s'arrête et sourit, ravie, à ce souvenir de jeunesse. Et se ravise, "sauf que maintenant tout le monde lit le journal sur sa tablette, même moi". Elle hausse les épaules, et éclate d'un rire joyeux.

Car le sac en plastique présente quelques avantages sur le papier journal, encore plus sur la tablette. Pas d'encre qui tache, relativement étanche. Pas facile de s'en séparer pour le poisson assurément.

Au coin d'une allée, chez Kim, Boramy prépare sa cuisine asiatique. Le parfum des épices est délicieux. Un magnifique paquet de sacs blancs est accroché au parasol. "Ceux-là, on peut les utiliser" indique la jeune femme, avec un accent aussi exotique que le parfum de sa cuisine. Ils sont d'apparence solide. "Ceux-là plus du tout", montrant des sachets fins et froissés. "Mais moi, j'enveloppe mes nems dans du papier d'aluminium, c'est parfait pour conserver le goût des aliments et la chaleur". Les clients lui font-ils des remarques? "Je ne peux pas me disputer avec mes clients, ma patronne dit non c'est non, mais ce n'est pas elle qui est en face !"

Traiteurs, bouchers, charcutiers, peuvent facilement se passer des sacs en plastique. Presque aucun n'en utilise encore. Mais chez les marchands de fruits et légumes ? Ce n'est pas gagné. Enfin, on en trouve dans deux catégories, ceux chez qui c'est normal, ils sont plutôt bio, ou sensibles aux questions d'environnement, et chez les autres, comment dire pour ne froisser personne, aux origines du sud de la méditerranée, chez qui, c'est une forme de culture sociale.

Là, le sac en plastique semble incontournable, et pour les clients aussi. L'un d'entre eux, visiblement peu sensible aux questions d'environnement, fait remarquer que "si les employés de la ville ramassaient plus vite, ça volerait moins". Plaisante-t-il ? Non, il ne plaisante pas, "si tout le monde faisait son boulot ça irait !" Voilà, vu comme ça les sacs en plastique devraient moins voler au vent !

À deux allées de là, la maraichère bio, pose une question intéressante, "pourquoi sur les autres marchés de la métropole, comme à Rezé ou Bouaye", où elle pose son étal, "la même mesure n'est-elle pas appliquée"? Pas pour elle cette question, tant le plastique ne semble pas faire partie de son ADN ! Peut-être parce que ces communes n'ont pas pris la même décision, faute de Loire à proximité ? Tente-t-on avec un peu d'ironie. "Oui mais non, sur les tracts qu'on nous a distribués, c'est indiqué Nantes Métropole". Effectivement, tous les marchés de l'agglomération de Nantes n'avancent pas dans le sens... du bon sens !