Son pari semble aujourd’hui réussi avec la cinquantaine de salariés qu’il emploie dont 11 apprentis répartis dans ses deux boutiques.« J’ai investi 500 000 euros cet été pour agrandir le labo car ce qui m’importe c’est l’humain, et que mes employés prennent du plaisir avec du joli matériel. » Et à sa manière, le manager sait motiver ses troupes. À tour de rôle, chaque apprenti sort un gâteau ou un pain, selon sa spécialité, conçu pendant la semaine, et vendu le dimanche en boutique. Si le produit a du succès, il intègre la carte de la pâtisserie. » À noter que le personnel ne jette rien : des dons sont régulièrement faits au Secours populaire et l’enseigne soutient des causes, à l’instar d’Octobre rose.
Autre particularité de l’entreprise, Romain Leurs emploie plus de femmes que d’hommes. Notamment une boulangère, ce qui est assez rare dans le métier (1) : la Bordelaise Anaëlle Escribano sera bientôt au casting d’une émission sur M6 (lire ci-contre). Au départ plutôt réservée aux hommes, la profession commence timidement à se féminiser depuis la réglementation européenne concernant le poids des sacs de farine, qui ont baissé de 50 à 25 kg.« Autrefois, les boulangers travaillaient en couple avec le mari au fourneau et la femme à la caisse. Mais c’est fini ! Le plus difficile pour une femme dans ce métier, c’est les préjugés. On pense qu’on n’aura pas la cadence d’un homme mais on gagne derrière tout ce qui est organisation », s’amuse-t-elle.
Ce qui importe le plus à son patron ? Former un jeune pour l’embaucher en CDI. « Je mise sur la confiance. Chaque responsable de secteur, en pâtisserie ou en boulangerie, est autonome, gère ses salariés, leurs créations, et fait les courses. Pour cette raison, nous n’avons pas les mêmes produits dans nos deux magasins. »
S’il ne se plaint pas de l’affluence de sa clientèle avec une moyenne journalière de 1 000 baguettes tradition vendues à 1,10 euro sur chaque site, et du millier de gâteaux écoulés les dimanches, Romain Leurs se soucie néanmoins de la hausse des tarifs du blé et de l’énergie. « D’ici la fin de l’année, on risque d’être obligé d’augmenter la baguette de 10 centimes. »
(1) Salaire net d’un boulanger salarié débutant : 1 700 euros. Environ 2 000 euros en fin de carrière, selon l’expérience et les primes (13e mois dans cette enseigne).