Produits ménagers : le fait maison fait bon ménage

Produits ménagers : le fait maison fait bon ménage

Un litre d’eau, 50 grammes de savon de Marseille en copeaux, deux cuillères à soupe de bicarbonate de soude, une à deux de cristaux de soude… Voilà la recette qu’Andrea a dégotée sur Internet pour fabriquer sa propre lessive. C’était il y a trois ans. Depuis, la Montreuilloise nage dans le grand bain des produits ménagers do-it-yourself (DIY). Elle fait aussi bien son liquide vaisselle que des détergents pour la cuisine et la salle de bains, par exemple à partir de vinaigre blanc, qu’elle utilise également comme assouplissant. «D’une part, c’est moins cher et d’autre part, ce sont des produits naturels et c’est rapide à faire, mais j’ai le temps car je travaille de chez moi et je n’ai pas d’enfant, explique la trentenaire, communicante. Le seul truc industriel que j’utilise c’est du détachant K2R, mais j’essaye de le remplacer par de la terre de sommières [poudre argileuse ultrafine connue pour ses vertus dégraissantes].»

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Lifestyle31 déc. 2021abonnés

Et elle n’est pas la seule à s’être convertie au fait maison pour l’entretien de son logis. Ces cinq dernières années, les Français, déjà ralliés à la doctrine du «manger mieux, mieux consommer», sont de plus en plus nombreux (24 % selon une étude Ipsos de 2019 pour l’Observatoire des nouvelles consommations de Leclerc) à privilégier les produits bruts et naturels, pour faire le ménage. Une pratique motivée par la volonté de préserver l’environnement grâce à l’utilisation de produits moins nocifs, y compris pour la santé humaine, et avec moins d’emballages, mais aussi pour les économies réalisées sur le long terme, comme recommandée par l’Agence de la transition écologique.

Hannah, trentenaire britannique installée en Haute-Savoie, abonde : «J’ai acheté un kilo de copeaux de savon de Marseille pour 15 euros chez Casto pour fabriquer ma lessive et j’ai tenu un an alors qu’un bidon d’1,5 litre [qui permet entre 30 et 40 lavages, ndlr] coûte 10 euros environ. Et puis, ça marche, les fringues sont bien propres. Les huiles essentielles [qui servent à parfumer, mais peuvent être nocives si mal utilisées, ndlr], en revanche, ce n’est pas forcément nécessaire.» Des adeptes du ménage DIY qui sont aussi aidés par la multiplication d’ouvrages (1) ou d’applications, comme Kelvin, ainsi que le nombre pléthorique de tutoriels de préparations disponibles sur le Net. En magasin, les références de produits bruts, elles, s’accumulent en rayon, la grande distribution ayant à son tour flairé un autre bon filon de verdissement – plus de 100 millions de chiffre d’affaires en 2021, selon le panéliste Nielsen.

«Une charge mentale supplémentaire»

L’an passé, Leclerc a ainsi lancé sa gamme Clair authentique (avec un bicarbonate à moins de quatre euros le kilo) quand Carrefour, avec sa marque Essential, propose un produit fini pour moins d’un euro. «On a démarré la vente de matière première il y a plus de vingt ans et ça fait cinq ou six ans que ça commence à bien marcher. Désormais, il y a au moins 25 marques sur le marché», confirme Didier Le Gars, directeur d’Ecodis, société pionnière avec sa marque écolabellisée la Droguerie écologique. Parmi ses produits phares vendus en épicerie bio : le bicarbonate (autour de 4 euros le kilo) et le vinaigre blanc (2 euros le litre) bien sûr, mais aussi le percarbonate de soude (un peu plus de 5 euros le kilo), dont l’action est blanchissante, nettoyante ou détachante – à ne pas utiliser sur n’importe quelle matière, comme le bois ou l’alu.

«On ne vend que du principe actif à 100 % et il n’y a pas de baratin, c’est un pari sur le temps que le consommateur va consacrer à ça, vante Didier Le Gars. Mais, c’est une charge mentale supplémentaire et avec le Covid, il y a un retour vers les produits tout fait car les gens en ont ras le bol.» En banlieue parisienne, George, 28 ans, a lui réussi à convaincre ses huit colocataires de passer au fait maison – hormis le liquide vaisselle – dans une perspective zéro-déchet. «C’est une façon de réaffirmer une certaine forme d’autonomie, plaide le doctorant, qui possède quelques notions de chimie. Les freins ce sont les habitudes de consommation : c’est plus simple d’aller acheter sa lessive au supermarché que de s’embêter à la faire, mais nous, on n’a pas besoin de taper dans des produits abrasifs car on est assidu sur tout ce qui est propreté.» Et informé. Car il est préférable de se renseigner : certains mélanges peuvent être inefficaces, voire dangereux, si des ingrédients sont mélangés à des produits plus chimiques.

(1) Tout faire soi-même, éd.Tana ou Mes Produits d’entretien faits maison, éd. Hachette.