Durables et éthiques, la joaillerie à l'assaut des bijoux upcyclés

Durables et éthiques, la joaillerie à l'assaut des bijoux upcyclés

Des marques redonnent vie à d'anciens modèles en recyclant métaux précieux et matériaux plus communs. Et si l'upcycling était l'avenir de la joaillerie ?

Par
Cora Delacroix

Un filon en or

En 2021, pour proposer de nouveaux bijoux, il n'est pas indispensable d'utiliser de nouveaux matériaux. En effet, un nombre grandissant de bijoux sont fabriqués à partir de matériaux ou de métaux recyclés. L'or, par exemple, se recycle à l'infini. Elise Tsikis, créatrice de la marque qui porte son nom, privilégie l'or 24 carats recyclé. « L'extraction pollue beaucoup, sans parler des conditions de travail désastreuses dans les mines. Mais il existe des quantités astronomiques d'or sur le marché. » Ce dernier provient notamment d'objets électroniques, qui l'intègrent en raison de sa très bonne tenue face à la corrosion et de son excellente conductivité électrique. Autre avantage : il est plus attractif en termes de prix. « Pour nous, c'est un gain énorme, cela nous coûte vingt-six fois moins cher de le transformer que de l'or extrait », poursuit Elise Tsikis. Les petits labels ne sont pas les seuls sur le créneau : d'ici à 2025, Pandora prévoit de concevoir la totalité de ses collections à partir de matériaux recyclés. La marque vient d'annoncer qu'elle renonçait aux diamants naturels pour privilégier les pierres synthétiques.

elisetsikis.com. pandora.net/fr

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Des pièces sublimées

Le recyclage des bijoux peut prendre de multiples formes. Pour l'or, il suffit de le fondre et de le refaçonner. On peut aussi upcycler des pièces, à savoir les transformer et les sublimer. Ainsi, Gas Bijoux a lancé « Seconde Vie », une opération qui consiste à récupérer d'anciennes créations auprès des clientes pour les retravailler et les réutiliser – contre un bon de remise de 10 à 20 %. « Nous avons toujours réparé les pièces des collections passées. Nos artisans à Marseille vérifient qu'elles sont encore exploitables, et, si c'est le cas, ils les reprennent pour créer de nouveaux modèles », explique Louis Bompard, directeur de la communication de Gas Bijoux.

Des créateurs inspirés

Certaines marques choisissent d'innover avec des matériaux qui, à première vue, n'ont rien à voir avec l'univers de la joaillerie. Comme The Cled, un label haut de gamme de Los Angeles (et dont le nom fait référence à « recycled »). Ses deux créatrices récoltent des bouteilles en verre pour les transformer en colliers, bagues ou boucles d'oreilles. Le résultat est surprenant et poétique. Autre matériau exploré : la résine. Ainsi, chez Tétier Bijoux, lancé par la directrice artistique Florence Tétier, les paires de boucles d'oreilles ou les bagues évoquent des fleurs étranges et flashy. Parfait pour se créer un look original et pointu.

thecled.com. Instagram @tetierbijoux

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Une chaîne durable

Pour les vêtements comme pour les bijoux, si les matériaux sont de qualité, ils peuvent traverser le temps. Claire Roche en est convaincue. En 2019, la jeune femme a lancé Nu Atelier, une marque de joaillerie unisexe pour laquelle elle travaille exclusivement à partir d'argent massif et d'or jaune massif de 18 carats recyclés. Toutes les pièces sont fabriquées dans la Drôme, avec l'aide d'un fondeur-affineur certifié – qui vérifie la provenance et la qualité des métaux. « On peut garder mes pièces pendant des années, assure Claire Roche. Si on s'en lasse, il est toujours possible de les faire fondre. » Pour la créatrice, c'est la durabilité qui prime : elle s'affranchit des « apprêts », ces fermoirs présents sur de nombreux bijoux mais difficiles à sourcer, et imagine donc des bracelets ou des ear cuffs qui n'en ont pas.