Virgil Abloh, l’homme qui réconcilie le luxe et la rue

Virgil Abloh, l’homme qui réconcilie le luxe et la rue

Virgil est grand. Pas seulement par la taille (1,90 m), mais aussi par la popularité. Et par la douceur qu’il dégage quand il s’exprime ou enroule ses doigts autour de sa tasse de thé matcha. Il l’est surtout comme on dirait « Dieu est grand ». Ça a l’air un peu fou, mais on a achoppé plusieurs fois sur cela, dans nos lectures et discussions : la dimension messianique du personnage.

Ce garçon cultivé et curieux, né dans l’Illinois en 1980 et élevé avec sa sœur près de Chicago par des parents émigrés du Ghana, marié à son amour de jeunesse et père de deux enfants, a réussi en cinq ans à marcher sur l’eau (croupie ?) du luxe et à guider vers la lumière les jeunes générations en quête de modèle.

Comme un sauveur

Evidemment, il se peut que vous ne connaissiez pas Virgil Abloh. Si vous avez plus de 35 ans, si vous n’avez pas dans votre entourage proche des enfants finissant le collège ou la fac, si vous snobez Instagram, évoluez loin de la mode, du design, de la musique, de l’art contemporain, et ignorez encore ce que veut dire « sneakers » ou qui est Kanye West… Alors, oui, vous avez pu passer à côté du phénomène Abloh. Pour tous les autres, et ça commence à faire du monde, une espèce de sauveur est enfin arrivé.

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Virgil Abloh, l’homme qui réconcilie le luxe et la rue

Il se peut aussi que vous ayez entendu parler de lui pour la première fois il y a deux semaines, quand Louis Vuitton a enfin confirmé une rumeur lancinante en nommant l’empereur du cool à la tête de la direction artistique de ses collections homme.

Après avoir lancé en 2013 sa marque Off-White, atteint la finale du prix LVMH en 2015, être devenu dès ses deux premiers défilés parisiens la sensation de la Fashion Week, et n’avoir jamais caché son ambition d’intégrer une grande maison, voici donc l’Américain officiellement adoubé par Louis Vuitton.

Avec pour mission de lancer le fleuron du luxe français à la conquête de nouveaux territoires esthétiques et démographiques, mais aussi structurels et culturels, tant la façon de travailler et d’être d’Abloh n’a rien à voir avec ce qui se faisait dans cette industrie jusqu’à présent.

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Il est, sous des dehors pacifiques, porteur de petites révolutions, à la fois en matière de création (qu’il pratique presque en open source, intervenant sur ce qui existe déjà et invitant les autres à faire de même), de distribution (tout en réalisant de bonnes affaires, il affirme que la vocation première de ses magasins n’est pas de vendre, mais plutôt de colporter l’esprit d’Off-White) et de communication (en relatives transparence, spontanéité et promo permanente).

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