Aux États-Unis, un phénomène, apparu sur le réseau social TikTok, continue de gonfler depuis le mois d’octobre. Ils l’appellent : «La Grande Démission» (The Great Resignation). Concrètement ? En réponse à la pandémie, des employés expriment et exposent leur ras-le-bol en se filmant au moment de quitter leur emploi, puis en postant la vidéo en question sur le réseau social.
«J’emmerde les managers, j’emmerde cette entreprise, j’emmerde ce poste. Je démissionne.» C'est ce que Shana Blackwell a dit sur sa vidéo, où on la voit parler dans le haut parleur de son lieu de travail, un magasin Walmart. Cette Américaine est à l’origine de la tendance #quitmyjob sur TikTok. Après la publication de ses images, devenues virales, le réseau social s’est retrouvé inondé de posts calqués sur le même modèle.
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Entre mars et mai 2021, 11 millions d’Américains ont démissionné, dont 4 millions en avril, explique Courrier International. Prise de conscience d’une volonté de réorientation, réévaluation de la relation au travail ou choix de faire passer sa santé mentale en priorité, ce record met en lumière de sérieux dysfonctionnements de la vie au travail.
Vantant en vidéo la nouvelle vie qui leur tend les bras, les employés ayant passé le cap apparaissent plus que ravis de cette décision. «Je suis juste heureuse de faire ça pour moi, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il va se passer ensuite. J’ai une peur bleue mais je suis heureuse et contente», exulte l’une, quand une autre affirme : «Aujourd’hui, c’était mon dernier jour de vie de bureau, et je sors de là pour de bon ! Je l’ai fait, et je suis très fière de moi !»
En filmant et postant leur décision, ce n’est pas qu’à eux qu’ils donnent du courage, mais également à tous ceux qui vont voir leur vidéo. «J’espère que cela vous donnera de l’inspiration, vous encouragera ou vous motivera à faire quelque chose de semblable ou à faire ce que vous avez envie de faire depuis longtemps.» Cela dit, un problème reste prégnant pour ces personnes privilégiant leur bien-être psychologique : une forte précarité. La décision de démissionner n’est pas toujours, suivant les situations, la réponse au problème.
En France aussi, la crise sanitaire, les confinements à répétitions et le télétravail forcé ont éreinté les salariés. La frontière entre vie privée et vie professionnelle s’est faite de plus en plus mince et la pression s’est intensifiée. La Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (Dares) a établi un rapport sur les conséquences de la crise sur les conditions de travail et les risques psycho-sociaux. Résultat : près d’un travailleur français sur trois (32 %) a senti ses conditions de travail se dégrader. Si, en France, cet état général ne mène pas systématiquement à une démission, près de la moitié des travailleurs (49 %) envisagent de changer d’emploi à court ou moyen terme, explique le Baromètre de la formation et de l’emploi 2021 (Centre Inffo/CSA).