Les bijoux de Paris – Le style Sophie d’Agon

Les bijoux de Paris – Le style Sophie d’Agon

Depuis 2017, Sophie Lepourry réalise un sans-faute. Sa maison de joaillerie ressemble à un autoportrait. Le choix du nom de la maison, tout d’abord – Sophie d’Agon –, inspiré d’une petite commune normande perchée entre la côte des Havres et le pays de Coutances où la créatrice aime se ressourcer. Le style des créations, ensuite, qui concilie le charme rétro des pièces victoriennes et la délicatesse poétique des bijoux japonais, le tout sublimé par un emploi savant de la couleur prodiguée par une myriade de pierres précieuses mises en lumière par une multitude de sertis.Les bijoux de Paris – Le style Sophie d’Agon Les bijoux de Paris – Le style Sophie d’Agon

Et, enfin, la maîtrise de la stratégie. « J’aime tout autant les processus créatifs que la partie marketing de mon métier », reconnaît l’entrepreneuse, qui a fortifié son savoir-faire durant deux décennies au sein de grandes maisons de luxe, chez Hermès, Prada, puis Saint Laurent où elle prit en 2012, durant les années Slimane, la tête des achats monde. C’est à ce dernier poste qu’elle se forge une conviction : la vente d’objets précieux sur le digital est une réalité tangible. « En étudiant notamment les sélections réalisées par les plateformes digitales marchandes qui étaient nos partenaires, j’ai appris que le prix n’était pas un frein sur Internet à partir du moment où les pièces sont bien faites. »

L’avenir lui donne raison : le succès est immédiatement au rendez-vous. Non sans un travail acharné. « Un an avant de montrer mes pièces, je m’étais attelée à construire une communauté sur Instagram. Cela m’a permis de vendre dès la réception de mes prototypes. Au fond, mon business model incarne le parcours classique d’une maison née sur la Toile. Je suis une “digital native vertical brand”, comme on dit dans le jargon. » Une nouvelle façon de vendre qui réclame une solide méthode : « Sur le site, il faut être constamment dans la réassurance et veiller à ce que le client se sente en confiance : c’est la raison pour laquelle nous nous organisons systématiquement avec mon équipe pour être en mesure de répondre, dès 9 heures du matin, à toute demande provenant du "chat". De pouvoir dire, par exemple : "Ne vous inquiétez pas : si la taille ne convient pas, on change." » La pandémie, insiste la créatrice, n’a pas freiné l’engouement pour ses créations, bien au contraire. « Tout a stoppé pendant les deux premières semaines du premier confinement. Mais, dès le début du mois d’avril 2020, je recommençais à recevoir des demandes. Cet hiver, j’ai battu des records de vente. Et, d’une manière générale, ce mois de décembre a été historique pour le secteur de la joaillerie. »

Les bijoux de Paris – Le style Sophie d’Agon

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De la méthode, donc, mais aussi du flair. « Ma première création, la bague YellowStone, avec ses figures concentriques qui évoquent le relief du fameux volcan endormi du parc national de Yellowstone, dans l’Ouest américain, reste encore aujourd’hui mon best-seller. Le modèle vert plus précisément. Peut-être parce que l’émeraude est une pierre qui convient à toutes les carnations », analyse la créatrice, qui paraît autant à l’aise avec les motifs floraux de la collection Camélia qu’avec les mosaïques Art déco de sa collection Ava.

Cette vigueur créative ciselée dans l’or 18 carats s’exprime désormais dans la première boutique physique de la maison, installée rue de Saintonge. « Je vis dans le 3e arrondissement depuis vingt ans, j’ai cherché de longs mois entre le Cirque d’Hiver, le Carreau du Temple et le haut du Marais, c’était ici et pas ailleurs. » Un mur sépare l’espace de vente (qui évoque l’univers fleuri et coloré du Walls of Dreams de Nina Koltchitskaia) du bureau qui gère le e-shop et la distribution. « C’est un autre enseignement de ma vie d’avant : dans une grande boîte, on vient rarement en boutique quand on est au siège. On est déconnecté du terrain. Je ne voulais pas créer une configuration où les vendeurs et le client seraient moins écoutés. » Une soif d’échanges qui a permis à la maison de séduire une jeune clientèle sensible à la finesse du travail artisanal (tout est réalisé à la main dans un atelier portugais) et à la justesse du prix : à partir de 425 euros pour une bague sertie de pierres précieuses et de turquoise.

Sophie d’Agon, 62, rue de Saintonge, Paris 3e, www.sophiedagon.com/fr

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