Policier passé à tabac : ouverture d'une information judiciaire pour «tentative de meurtre»

Policier passé à tabac : ouverture d'une information judiciaire pour «tentative de meurtre»

Une information judiciaire a été ouverte jeudi pour «tentative de meurtre» après l'agression mardi soir d'un policier, hors service et en civil, qui regagnait son domicile en train dans le Val-d'Oise, a appris l'AFP auprès du parquet de Pontoise. Le procureur a requis le placement en détention provisoire des quatre personnes interpellées suite à l'agression du fonctionnaire de police, à l'issue de leur garde à vue. Trois des mis en cause sont connus des services de la justice, a précisé le parquet. L'enquête a été confiée à la sûreté départementale du Val-d'Oise.

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Les faits se sont déroulés mardi dans un train au niveau de la gare de Saint-Leu-la-Forêt (Val-d'Oise), peu avant 23 heures. La victime, un homme de 26 ans, fonctionnaire au sein de la brigade des réseaux franciliens (BRF), a été pris à partie par un groupe de quatre individus « de type africain » d'après sa déposition. « On sait où tu travailles et où tu habites, t'es un sale flic de merde. Qu'est-ce que tu viens faire dans notre secteur ? », lui a d'abord lancé l'un d'entre eux. Mais la discussion s'est rapidement achevée et les premiers coups ont commencé à pleuvoir. « Ils ont dit qu'ils allaient me tuer, me crever la gueule, parce que je suis un sale flic de merde », poursuit le policier dans son dépôt de plainte. L'homme a ensuite été roué de coups, notamment au niveau du visage. Ses agresseurs ont également tenté de lui faire les poches, mais le policier a résisté jusqu'à l'intervention de deux passagers pour lui venir en aide.

« Très traumatisé »

Arrivés en gare de Saint-Leu, les quatre agresseurs ont pris la fuite. Pris en charge par la SNCF puis par les policiers d'Ermont et les sapeurs-pompiers de Taverny, la victime a été conduite à l'hôpital Simone-Veil d'Eaubonne. L'homme souffre de multiples ecchymoses, d'une fracture du nez et se plaint de douleurs à l'épaule droite. Alors qu'il portait sur lui son arme de service, il a fait le choix de ne pas s'en servir. Le policier a déposé plainte au commissariat d'Ermont pour violences volontaires aggravées. Quelques heures après les faits, les quatre mis en cause, âgés de 17, 20, 23 et 25 ans, ont été interpellés par une patrouille de gendarmes de Pontoise, pour des faits de tentative de vol aggravé. Placés en garde à vue, trois d'entre eux ont reconnu la participation à l'agression du policier. Une information judiciaire a également été ouverte notamment pour les chefs de «vol avec violences» et «extorsion».

« La Préfecture de police adresse son soutien au policier agressé et blessé par plusieurs individus alors qu'il rejoignait son domicile hier (mardi) soir », a tweeté la préfecture de police de Paris. « Aujourd'hui ce policier est très traumatisé, il sait que ses agresseurs savent tout de lui et c'est terrifiant », confie un agent parisien. « Les policiers vivent cachés de nos jours, c'est une réalité. Pour certains, le port du masque est une bénédiction. Il n'y a plus de scission entre la vie professionnelle et personnelle, se désole de son côté la déléguée nationale du syndicat Unité SGP police-Force-Ouvrière, Linda Kebbab. On le voit avec les tags ces derniers temps. Ces types ont nos noms, nos adresses, ils se partagent nos photos et celles de nos familles sur les réseaux sociaux. »

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Depuis plusieurs jours en effet, la tête des policiers est mise à prix. À Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), des tags appelant notamment à « couper la tête d'un policier » et « violer une policière » ont été découverts samedi sur les murs d'un immeuble. « En appelant à leur viol et à leur meurtre, on veut appeler au meurtre et au viol de la République », a réagi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Dans la nuit de mardi à mercredi, une quinzaine d'individus a attaqué le commissariat de Villeneuve-d'Ascq aux mortiers d'artifice. Mercredi matin, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a déposé plainte pour de nouveaux tags d'insultes découverts dans le quartier de Beaugrenelle. Autant d'incidents qui ne font qu'accentuer le « malaise policier » que beaucoup d'entre eux dénoncent.

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