L'Œil de l'INA : Yves Montand, centenaire du roi des troubadours qui rêvait d'être président

L'Œil de l'INA : Yves Montand, centenaire du roi des troubadours qui rêvait d'être président

Yves, Simone et Hollywood réalisé en 1960 rappelle le temps où tandis que l'actrice reçoit un Oscar pour son rôle dans Room at the top, son mari devient, sur les scènes de Broadway, le roi des troubadours français. C'est aussi l'époque d'une aventure amoureuse entre Montand et Marilyn Monroe, entrée dans l'histoire comme le premier scandale révélé par une presse qu'on n'appelait pas encore people. Simone Signoret lui pardonnera une incartade qu'elle évoquera ainsi, devant un journaliste : «Vous connaissez beaucoup d'hommes qui resteraient insensibles en ayant Marilyn dans leurs bras?»

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Réalisé en 1976 par Chris Marker La solitude du chanteur de fond, demeure une référence incontournable. Les images ont été tournées à l'occasion d'un récital donné par Montand, en 1974, au profit des réfugiés chiliens. Il n'a pas mis les pieds sur une scène depuis six ans et les répétitions vont demander encore plus d'efforts que d'habitude au perfectionniste qu'il n'a jamais cessé d'être.

Chaque pas, chaque geste, la moindre de ses mimiques nécessitent des heures de travail devant une glace ou en compagnie de son pianiste, Bob Castella qui est en même temps son homme de confiance, son secrétaire et son souffre-douleur favori.

Chaque fois que le chanteur fait une fausse note, c'est de la faute de l'accompagnateur. Avec la mauvaise foi dont les méridionaux peuvent être capables, il le couvre de reproches, d'injures auquel l'intéressé ne prête jamais attention. Il sait que c'est un jeu et attend que l'orage passe. L'affection entre les deux hommes est telle qu'au lendemain de la mort de Montand, Castella ne posera plus jamais les doigts sur son clavier.

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Montand, un Ronald Reagan français ?

En février 1984 , au retour d'une tournée triomphale de récitals en France et aux États-Unis, Montand créé encore l'événement en assurant le commentaire de Vive la crise, l'un des premiers docu-fictions de l'histoire du petit écran.

Réalisé par Vincent Manniez, il évoque, sous la forme de faux reportages, l'état de l'économie dans le monde. Les 20 millions de téléspectateurs qui ont suivi ce programme et la classe politique sont impressionnés par son sens de la pédagogie.

Certains lui prédisent une carrière politique et une folle rumeur commence à courir : conseillé par des hommes et des femmes de l'ombre, il envisagerait de se présenter à l'élection présidentielle de 1988. Les premiers sondages, très prometteurs, font dire aux observateurs qu'il a toutes les chances de devenir le «Ronald Reagan français». Un événement va freiner ses ambitions : la mort de Simone Signoret en 1985. Montand y a cru mais il a perdu sa boussole. Le 7 décembre 1987, invité d’Anne Sinclair dans Questions à domicile, il annonce qu'il a décidé de ne pas briguer la magistrature suprême. «Je n'ai pas la connaissance suffisante», déclare-t-il.

En coulisses, il avoue avoir longuement hésité avant de renoncer. À l’issue d'un parcours royal, aurait-il fait un bon Président ? L'histoire ne le dira jamais.

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