Pourquoi la région lyonnaise est-elle restée un « bassin de la soie » majeur en Europe ?

Pourquoi la région lyonnaise est-elle restée un « bassin de la soie » majeur en Europe ?

« Le mot "canut" fait partie de notre histoire, et nous en sommes très fiers. Mais on ne veut pas se transformer en lieu de pèlerinage. » Président d’Intersoie France, association à l’origine de l’organisation deSilk in Lyon (de jeudi à dimanche au Palais de la Bourse), Xavier Lépingle veut profiter de la 3e édition de ce festival de la soie pour insister sur le dynamisme du secteur : « ça représente une quarantaine d’entreprises et plusieurs milliers de salariés dans la région, avec des marques qui rayonnent au niveau planétaire ».

Le temps des ouvriers tisserands de la Croix-Rousse (au XIXe siècle) est donc évidemment révolu. « Notre héritage se trouve dans 200 ans d’archives, précise Philippe Delfosse, directeur général de la société Sfate & Combier et de Guigou (respectivement 50 et 25 salariés). Je me réapproprie cette dimension patrimoniale qui peut vraiment nous donner des idées pour l’avenir. » Egalement directeur général d’Hermès Textile Holding, Xavier Lépingle poursuit, au sujet de la relation privilégiée entre cette matière textile naturelle et Lyon depuis la Renaissance : « Nous avons des savoir-faire uniques, et malgré la recherche d’optimisation des coûts dans le textile, ceux-ci sont toujours restés en Auvergne-Rhône-Alpes ».

« Hermès et Chanel permettent de faire perdurer un écosystème »

Une grande maison historique comme Tassinari & Chatel illustre ainsi cet attachement à « un bassin de la soie » reconnu dans toute l’Europe, au même titre que la région de Côme en Italie. Et le secteur recrute actuellement en nombre dans la région, à l’image de Guigou, qui recherche plusieurs conducteurs de machines à Saint-Rambert-d’Albon (Drôme).

Pourquoi la région lyonnaise est-elle restée un « bassin de la soie » majeur en Europe ?

Un élan également permis par la présence autour de Lyon des mastodontes du luxe Hermès et Chanel. « En investissant dans des sociétés de la région, ils permettent de faire perdurer un écosystème », estime Philippe Delfosse, qui fera partie de la soixantaine d’exposants présents au Palais de la Bourse à partir de ce jeudi.

Une création d’un bout à l’autre de la chaîne, sous les yeux du grand public

Louant « l’alliance entre tradition et innovation », et exportant principalement sa soie aux Etats-Unis et en Angleterre, celui-ci tient à « ne pas être dépendant que des maisons de luxe qui font la pluie et le beau temps », et a donc lancé des partenariats avec des jeunes créateurs. Tout comme Hermès Textile Holding, il se félicite de rappeler que même le moulinage du fil de ses productions s’effectue dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (en Ardèche). C’est aussi ce long processus made in AURA que Silk in Lyon va mettre en valeur durant quatre jours consacrés à des volets culturel, industriel et de savoir-faire.

Le festival, qui avait attiré 8.000 visiteurs en 2019, offre au grand public « une immersion dans l’univers de la soie ». « Les visiteurs peuvent voir sous leurs yeux le produit en train d’être créé, du cocon à l’étoffe, et même mettre la main à la pâte, ce qui est assez bluffant, confie Xavier Lépingle. En montrant toutes les étapes de fabrication, ça permet aussi de faire mieux comprendre aux Lyonnais la valeur du prix final d’un produit. Beaucoup sont surpris de découvrir que la soie est encore fabriquée dans la région aujourd’hui. »

Silk in Lyon, de 14 à 19 heures ce jeudi, de 10 à 19 heures vendredi et samedi, et de 10 à 18 heures dimanche, au Palais de la Bourse (Lyon 2e). 5 € la place à la journée, 10 € le pass 4 jours. Tout le programme des conférences et des animations est ici.

SociétéLyon : Les Réparables, un atelier éphémère pour faire réparer ses vêtementsPlanèteLyon : Bouteilles en plastique, filets de pêche... Les Poulettes Fitness lancent une collection fabriquée avec les déchets récupérés dans les océans