Téléviseurs ou shampoings, ces invendus qui ne pourront plus être détruits Abonnés

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Un pas de plus dans la lutte contre les déchets inutiles. À partir du 1er janvier, les invendus ne pourront plus être détruits pour une série de produits : équipements électriques et électroniques, textile, ameublement ou encore produits d’hygiène et de beauté. Si la plupart des invendus sont déjà déstockés, recyclés ou donnés, l’Agence de la transition écologique a estimé qu’environ 7 % ont été détruits en 2019 dans les 12 principaux secteurs non alimentaires. Soit l’équivalent de 300 millions d’euros de valeur marchande.

La date du 1er janvier n’est qu’une première étape. Les filières concernées par l’interdiction sont celles qui disposaient déjà d’un mécanisme de collecte et de recyclage bien rodé avant la promulgation de la loi anti-gaspillage de 2020. À savoir une filière REP (pour Responsabilité élargie du producteur), qui implique notamment un système de gestion des déchets.

Que deviendront donc les invendus – jusqu’ici détruits – qui devront désormais être valorisés ? Délégué général de l’Alliance du commerce, qui fédère les magasins de l’habillement, Yohann Petiot écarte toute difficulté particulière de mise en œuvre : « Les stocks sont déjà en grande partie orientés dans des réseaux de déstockage en France et à l’international, ou vers le don, indique-t-il. Une partie est également recyclée. »

Avec une durée de vie plus longue dans les rayons, la question se pose dans des termes légèrement différents pour les produits d’hygiène et de beauté. Si l’habillement oriente une grande partie de ses invendus vers le déstockage, le secteur des cosmétiques les a surtout écoulés à travers des dons.

→ ANALYSE. Invendus non alimentaires : les dons aux associations progressent

Le mouvement devrait se renforcer en ce début d’année, d’autant que l’interdiction de destruction s’imposera pour une série de produits de première nécessité. Et, par la suite, aux autres cosmétiques. « Les associations ont désormais la capacité de gérer de gros volumes, assure Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea), qui ne fait pas état de difficultés à appliquer le texte. Le changement sera un peu plus lourd à supporter pour des très petites entreprises, pour lesquelles cela posera davantage de contraintes logistiques et administratives. »

La destruction des stocks, une pratique répandue dans le luxe

Pour les produits de luxe ou haut de gamme, les marques veulent éviter à tout prix l’émergence d’un marché parallèle ou d’une dévalorisation de leurs produits par le déstockage. La destruction des stocks a été, pour certaines maisons, une pratique répandue. En 2018, la marque britannique Burberry avait été épinglée pour avoir brûlé l’équivalent de 30 millions d’euros de produits cosmétiques.

« Cela a fait office de détonateur dans le secteur, analyse Serge Carreira, responsable de l’Initiative des marques émergentes à la Fédération de la haute couture et de la mode. La loi anti-gaspillage a conduit à amplifier cette prise de conscience déjà à l’œuvre. » La pratique de vente de produits « dégriffés » moins chers, courante par le passé, s’est raréfiée. « Désormais, les marques réfléchissent à la façon de transformer les invendus, en retaillant certaines pièces ou en les transformant en uniformes de boutique », poursuit Serge Carreira.

L’électroménager mise sur la réparation

La réparation apparaît aussi de plus en plus comme une option dans les filières qui le peuvent. Dans l’électroménager, près de la moitié des invendus le sont car ils présentent des pannes ou des défauts mineurs. « Heureusement, nous n’avons pas attendu la loi pour nous structurer, car cela peut prendre plusieurs années, indique Katel Bergot, directrice de la branche seconde vie chez Fnac Darty Occasion. Nous avons trois solutions : la revente d’occasion reconditionnée, le don à des associations et, en dernier recours, la revente à des courtiers qui récupèrent les pièces. »

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Au sein du groupe, le reconditionnement – qui se faisait par le passé de façon moins structurée – s’est organisé. « Nous avons mis en place un réseau d’ateliers et recruté des profils de techniciens, poursuit Katel Bergot. L’ensemble de ces solutionsreprésente un coût qui n’est pas totalement compensé, mais génère aussi une valeur, économique et extra-financière, non comptabilisée. »

Une série d’autres secteurs, comme les jouets et les livres, se verront à leur tour imposer cette interdiction au 31 décembre 2023, après la mise en place de leur propre filière de collecte. Est également attendue la création d’une filière REP dans le secteur du bâtiment, premier producteur de déchets en volume(3,5 tonnes par habitant en 2016). Celle-ci devait entrer en vigueur en 2022, mais elle a été décalée d’un an.

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D’autres mesures de la loi anti-gaspillage entrent en vigueur

Au 1er janvier, certains fruits et légumes non transformés ne peuvent plus être emballés dans du plastique.

Les jouets en plastique ne peuvent plus être offerts dans les menus pour enfants.

Les établissements recevant du public doivent permettre l’accès à un point d’eau potable.

Interdiction des emballages en plastique pour la livraison des journaux, magazines et publicités.

L’État n’achète plus de produits en plastiqueà usage unique pour utilisation sur les lieux de travail ou lors des événements qu’il organise.

L’apposition du logo « Triman », indiquant qu’un emballage est recyclable, est obligatoire pour les produits concernés. Il est accompagné de consignes sur la façon de trier.