Dans les boutiques de luxe, les liasses de billets ne sont plus les bienvenues

Dans les boutiques de luxe, les liasses de billets ne sont plus les bienvenues

Chez Arnys, fournisseur de François Fillon – 6.000 euros le costume –, vous pouvez tout vous permettre. Plus de 3.000 tissus au choix et des combinaisons infinies de cols, de poches, de boutons, de rabats, de revers… Et payer en liquide ? Ah ça non, impossible ! Depuis septembre 2015, en effet, les espèces sont interdites en France pour les achats ou les prestations d’un montant supérieur à 1.000 euros. Et contrairement à ce que des rumeurs veulent faire croire, les maisons de luxe ne badinent plus avec la loi.

Nous avons pu le vérifier, début avril, en jouant les riches acheteurs à Paris, avenue Montaigne et rue du Faubourg-Saint-Honoré. Premier arrêt dans l’immense boutique Gucci, près du rond-point des Champs-Elysées. Très tentant, ce sac à main en velours rose de la nouvelle collection à 1.290 euros. Nous le prenons et commençons à sortir nos grosses coupures. Refus gêné de la vendeuse. Nous insistons : "Nous avons oublié notre carte de crédit. Vous ne pouvez pas faire une exception pour 290 euros au-dessus du plafond ?" L’employée, horriblement déçue de rater une vente, s’éclipse un instant pour demander l’avis de sa responsable… qui décline à son tour.

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La même scène se rejouera toute la journée, dans la douzaine de magasins prestigieux que nous avons testés : Dior, Prada, Fendi, Saint Laurent, Louboutin… A chaque fois, nous devrons remiser notre liasse de billets. De l’aveu même d’une responsable de magasin, cette vertu affichée constitue un changement radical. Avant 2015, on estimait que les paiements en espèces représentaient 20% du chiffre d’affaires de la joaillerie avenue Montaigne. A l’époque, les organisations professionnelles étaient même montées au créneau : selon elles, la fin programmée du cash pouvait faire perdre 500 millions d’euros par an au secteur du luxe.

Dans les boutiques de luxe, les liasses de billets ne sont plus les bienvenues

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Pourtant, les grandes marques ont appris à faire avec. Voire à s’en réjouir. Après tout, en supprimant le liquide, on diminue également le risque de récupérer des faux billets. Et comme on le sait, les grosses coupures sont les plus contrefaites. Les boutiques de luxe se consolent aussi avec les clients étrangers ou les binationaux dont la résidence fiscale se situe hors de France, pour qui la législation est plus clémente. Ces petits vernis peuvent acheter en espèces jusqu’à 15.000 euros. Mais, du coup, ils sont la cible facile des voyous. On ne peut pas tout avoir…

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par Edouard Devon