Plus de 300 lots d'objets saisis ou confisqués dans le cadre de procédures pénales ont été vendus aux enchères vendredi à Bercy.
"Nous allons taper au portefeuille les criminels", lançait jeudi 4 novembre le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, en présentant plus de 300 lots d'objets de valeur saisis ou confisqués par la justice, mis aux enchères ce vendredi, du diamant à la voiture de luxe. Montant un instant dans une Lamborghini confisquée, garée devant Bercy, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a de son côté affirmé à la presse: "Si quelqu'un a 150 000 euros, c'est la mise de départ, mais j'espère que ça va nous rapporter plus".
Voitures de luxe, vins prestigieux, montres de maîtres-horlogers, chaussures, sac à main de marque... Les 310 lots d'objets saisis ou confisqués dans le cadre de procédures pénales, ont été présentés lors d'une vente aux enchères ce vendredi 5 novembre à Bercy à l'occasion du dixième anniversaire de l'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) placée sous la tutelle du ministère de la Justice.
ors d'une conférence de presse au ministère de l'Économie, Eric Dupond-Moretti a souhaité que "la confiscation" de biens soit élargie et ne se limite pas "à la lutte contre la délinquance économique et financière ou à la criminalité organisée". "Cette sanction patrimoniale (...) doit devenir également un instrument de lutte contre la délinquance du quotidien afin de faire en sorte que le crime ne paie plus, que le délit ne paie plus. Autrement dit, nous allons taper au portefeuille les criminels", a insisté Eric Dupond-Moretti.
"Je trouve ça vraiment formidable que les délinquants soient pénalisés d'un point de vue financier. Ca me plait beaucoup", confie un particulier venu assister à la vente.
Les 310 lots présentés lors de cette vente aux enchères sont notamment issus de confiscations liées au blanchiment d'argent ou au trafic de drogue, selon la Direction nationale des interventions domaniales (DNID), coorganisatrice de la vente. "En leur saisissant leurs avoirs criminels, vous leur enlevez leur intérêt à commettre des actes de délinquance. Les montres de luxe sont par exemple un vecteur de blanchiment", précise le directeur général de l'AGRASC Nicolas Bessone.
"C'est un cercle vertueux", a commenté le garde des Sceaux face à un diamant exposé dans un présentoir, dont le produit de la vente permettra en partie d'indemniser une victime. Eric Dupond-Moretti a également salué un "changement de paradigme" avec la signature d'un décret entrant en vigueur jeudi et "qui va permettre à l'AGRASC de redistribuer des biens (immobiliers confisqués) à des associations d'utilité publique (comme) des associations caritatives." La somme réunie par la vente de ces biens, mis à prix de 30 euros (un vélo) à 150 000 (la Lamborghini), sera versée "au budget de l'État ou encore à des fonds de concours, par exemple de lutte contre l'addiction aux stupéfiants ou de lutte contre le proxénétisme", a expliqué Nicolas Bessone.
Le directeur de la DNID Alain Coumeil affirme que "près de mille personnes" sont passées en salle ce vendredi et "8500 se sont inscrites" en ligne pour participer à ces enchères.
L'AGRASC a vendu pour 1,5 milliard d'euros de biens saisis et confisqués depuis sa création en 2011. Elle a ouvert en mars 2021 des antennes à Marseille et à Lyon, qui ont permis de verser depuis au budget général de l'État 28 millions d'euros. "Au regard de ces résultats", elle disposera au printemps prochain de deux nouvelles antennes à Lille et à Rennes, a annoncé le garde des Sceaux.