Pas de monnaie ? Pas de problème !

Pas de monnaie ? Pas de problème !

À quand remontent vos derniers achats payés en argent comptant ? Certes, il est pratique de tout régler par carte, y compris le moindre cornet de crème glacée, sans se faire regarder d’un drôle d’air.

Publié le 28 juill. 2021

Mais cela cause aussi bien des ennuis à une foule de personnes et d’organisations.

Notamment aux employés des cafés, qui ont ainsi vu la quantité de pourboires fondre comme neige au soleil. Curieusement, ce n’est pas possible partout d’ajouter 15 % de pourboire à sa facture. J’en ai eu deux exemples la semaine dernière, notamment un dans un Tim Hortons. À l’autre comptoir, l’employée mécontente a dit réclamer depuis des mois à son employeur que le terminal soit modifié, en vain.

On peut aussi penser à l’impact sur les sans-abri…

Tous les organismes qui recueillent des dons au moyen de ces petites boîtes déposées près des caisses enregistreuses des commerces ne sont pas en reste.

Pour eux, le choc a été brutal. Les contenants de monnaie qui financent leurs activités sont carrément disparus avec l’arrivée de la COVID-19 pour des raisons sanitaires.

ASISTA est un OBNL qui éduque des chiens d’assistance dont le travail est de prendre soin de personnes ayant un stress post-traumatique ou un trouble du spectre de l’autisme. La petite monnaie laissée dans les boîtes pesait lourd dans son budget annuel. « De 30 %, on est tombés à zéro », me raconte son fondateur John Agionicolaitis.

Permettez que je prenne un moment pour vous raconter ce que font les chiens d’ASISTA, moins connus que ceux de Mira. Leur rôle dépasse largement celui du soutien moral. Si une personne fait des terreurs nocturnes, par exemple, le chien sera entraîné à les détecter et à réveiller la personne au plus vite. L’animal pourra aussi être éduqué à marcher derrière une personne anxieuse qui fait de l’hypervigilance, plutôt qu’à ses côtés, afin qu’elle se sente en sécurité dans la rue.

Pas de monnaie ? Pas de problème !

L’autre chose intéressante, c’est que les chiens proviennent de refuges ou d’opérations de sauvetage. « On sauve des chiens et des humains ! », dit John Agionicolaitis, en précisant qu’il y a 102 chiens ASISTA en service en ce moment. Chacun a pris deux ans à former, au coût de 25 000 à 30 000 $ pour l’OBNL. Les bénéficiaires l’obtiennent gratuitement.

La demande pour ces chiens d’assistance est forte ! La liste d’attente s’est allongée de 9200 noms depuis le début de la pandémie. Compte tenu de la baisse importante de ses revenus (élimination des boîtes et des évènements de financement), ASISTA a dû cesser d’analyser les demandes pour se concentrer sur le dressage.

La solution de tiptap

Mais on voit le bout du tunnel. L’OBNL a cherché le moyen, en utilisant les nouvelles technologies, de remplacer les dons en petite monnaie. Il l’a trouvé en Ontario.

La jeune entreprise tiptap a créé de petits terminaux sans fil pour récolter les dons faits avec une carte de crédit ou de débit, ou un portefeuille numérique. Ses appareils peuvent être installés près des caisses, être accrochés au cou d’un bénévole ou être collés sur les seaux utilisés dans la rue lors de la Guignolée des médias. Grâce à l’énergie solaire, on peut même les installer au milieu d’un parc, comme ça s’est vu dans les Jardins botaniques royaux de Burlington, en Ontario !

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Ces appareils personnalisables sont loués au mois aux organismes qui doivent en outre payer des frais de 1,5 % par transaction, m’a précisé la directrice du marketing, Fanny Brodin, en entrevue. L’entreprise affirme qu’il n’y a pas de concurrent offrant une solution similaire à la sienne. Des demandes de brevets ont été déposées.

ASISTA en recevra 130, en août, qui seront installés dans des cliniques vétérinaires, des magasins pour animaux Chico et des IGA. En y approchant une carte de paiement, un don de 3 $ sera automatiquement effectué. N’importe quel montant peut être préétabli sur l’appareil entièrement autonome, et les transactions sont traitées de façon hautement sécuritaire, promet Moneris.

« Beaucoup d’OBNL ont besoin d’argent et le terminal fait partie de la solution », croit John Agionicolaitis, qui prévoit tester la technologie pendant un an.

Pour le moment, 99 % des clients de tiptap sont des organismes caritatifs. « Il y a énormément d’autres secteurs vers lesquels on veut s’étendre. On voit plusieurs possibilités. Il suffit de penser à tous les moments où on aurait payé avec de la monnaie : transport, tourniquet, église, billetterie… », confie Fanny Brodin.

Jusqu’ici, une centaine d’organisations au Canada ont eu recours aux services de tiptap, dont Rêves d’enfants Canada, l’Armée du salut et la Société de recherche sur le cancer.

Il reste à voir à quel point ces petits terminaux auront du succès auprès du grand public. Aussi pratiques soient-ils, ils forcent un don d’un montant fixe, plutôt que de nous débarrasser de monnaie encombrante.

Mais pour toutes ces fois depuis un an et demi où vous n’avez pas donné, vous pouvez utiliser votre carte pour une bonne cause de temps à autre (après avoir déposé à la banque toute cette monnaie qui dort dans votre cochon, peut-être ? ). Cela est d’autant plus utile maintenant que les besoins sont grands dans une foule de secteurs et que bien des OBNL souffrent d’un manque criant de fonds.

À vos cartes, prêts, donnez.

Quelques données sur les paiements au Canada

Source : Paiements Canada