Escapade à New York Authentique Harlem

Escapade à New York Authentique Harlem

(New York) Les guides sur New York ne chantent pas tous les louanges de Harlem – le Routard en ligne ne l’affiche même pas sur sa carte ! Pourtant, le quartier du nord de Manhattan mérite qu’on le découvre. Berceau de la culture noire à New York, Harlem ne manque pas de lieux à découvrir, pour s’en mettre plein les yeux, les oreilles et la panse. La Presse vous rapporte quelques-uns des trésors de cet ancien village.

Publié le 4 déc. 2021 Marissa Groguhé La Presse

Pourquoi Harlem ?

Harlem n’est pas Times Square. Ce n’est pas le chic Upper East Side et ce n’est pas l’animé Broadway. Ce qu’on trouve dans ce coin de la ville, c’est une vie de quartier, certains endroits moins touristiques a priori, mais bien d’autres qui bouillonnent de culture. Bien des rues sont tout à fait banales, sans aucune occasion de photos Instagram à l’horizon. Mais il n’y a pas à chercher très loin pour trouver dans le quartier de quoi occuper sa journée. Dans l’est, au Spanish Harlem, on a l’impression que ça parle plus espagnol qu’anglais, les drapeaux portoricains sont partout et les murales colorées décorent le béton. Au centre et dans l’ouest du quartier, la culture noire imprègne tout, des musées aux restaurants. Harlem a vécu des années sombres dans les dernières décennies du XXe siècle ; c’était un ghetto où il ne faisait pas très bon vivre, un bout de ville où l’on a laissé les communautés afro-américaines à elles-mêmes. Le quartier s’est redressé depuis. Et bien avant cela, dans les années 1920, Harlem vivait son apogée, à une époque qu’on nomme la Harlem Renaissance. Une période foisonnante dont le quartier a gardé plusieurs traces, qu’on se plaît à découvrir.

La soul food et plus encore

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Commençons par la nourriture. Car quoi de mieux pour découvrir une culture que de se régaler de ses mets ? À Harlem, vous découvrirez la soul food (nourriture de l’âme), celle qui a été héritée des traditions culinaires afro-américaines. Le restaurant Sylvia’s est reconnu dans tous les États-Unis pour la soul food qu’il sert depuis le début des années 1960. Pour une reprise plus moderne des plats typiques de la soul food, le Red Rooster est une adresse très courue du quartier, maison du chef reconnu Marcus Samuelsson (qui a ouvert le Marcus, au Four Seasons Montréal). Sur l’avenue Lenox, à l’angle de la grande artère de Harlem, la 125e Rue, le Red Rooster offre une ambiance décontractée et un décor éclaté rendant hommage à la culture où il prend racine. On y sert du cornbread chaud et du beurre en entrée, un délice. Nous y avons goûté le mac & cheese au homard ainsi qu’un des nombreux cocktails de la carte. La portion est généreuse et la nourriture, exquise, assaisonnée à souhait, gourmande. Un peu plus tôt, nous étions passés par la fameuse pizzéria Patsy’s sur l’heure du dîner. On y sert de délicieuses pointes à la new-yorkaise – qu’on ne conseillera pas à ceux qui surveillent leur taux de cholestérol ! Devant le Patsy’s, les New-Yorkais, garés en double file comme il est coutume dans la ville, mangent debout à côté de leur voiture, la boîte en carton sur le capot – nous avons testé la technique, la pizza semble se déguster encore mieux de cette façon.

Consultez le site de Red Rooster (en anglais) Consultez le site de Patsy’s (en anglais)

Cohabitation des cultures

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Là où la culture hispanophone prospère, côté est, les murales et les graffitis sont nombreux. En débarquant de Montréal, où ces œuvres d’art sont aussi nombreuses qu’impressionnantes, la barre est haute. Mais Spanish Harlem offre un pan de sa culture à travers ses graffitis. Le Graffiti Hall of Fame, dans la cour d’une école (accessible le week-end seulement), commence un parcours qu’on poursuit le long de la 3e Avenue, puis de la 111e Rue, où l’art de rue occupe chaque intersection. Puis, en allant un peu plus vers l’ouest, on tombe sur le marché Malcolm Shabazz, un coin d’Afrique en pleine ville. Des stands proposent toutes sortes de marchandises. Des besaces en cuir et en tissu. Des figurines en bois. Des centaines de morceaux de vêtements aux motifs colorés. Les marchands sont accueillants et la négociation semble être possible !

Notre coup de cœur : le coin des gens de l’endroit pour dîner

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En face du marché, nous croisons Alex et Diana, un couple born and raised à Harlem. Dès que nous engageons la conversation, ils n’ont que de bons mots pour leur coin de New York – « allez sur la 125e, tout se passe là-bas ! ». Ils nous conseillent de passer par le Sea & Sea Fish Market, un marché de poissons jouxtant le Malcolm Shabazz. « Il est encore tôt, mais dans quelques minutes, il va y avoir une file énorme », nous assure Alex, juste avant midi. Dans l’établissement, une seule salle aux étalages garnis et un comptoir pour des plats à emporter (où on ne peut payer qu’en argent comptant), les travailleurs en pause dîner s’agglutinent en effet rapidement. Sur place, Kim Jackson nous explique qu’elle a un marché de poissons juste à côté de chez elle, mais qu’elle se rend jusqu’ici parce qu’il s’agit du meilleur en son genre. Nous nous laissons tenter : le fish and chips y est franchement réussi, ne ressemble à aucun autre que nous avons goûté auparavant. Un coup d’œil aux commandes d’autres clients nous donne envie de tout essayer !

Consultez le site du Sea & Sea (en anglais)

Un spectacle…

Duke Ellington et Louis Armstrong y ont vécu, de grands artistes afro-américains y ont fait leurs débuts. La musique est inhérente à l’histoire de Harlem. Kim Jackson, rencontrée au marché de poissons, nous a donné une liste de ses incontournables culturels, des lieux historiques que les résidants de Harlem eux-mêmes fréquentent. Le Cotton’s Club, mythique boîte de jazz ouverte en 1923, a vu naître le jazz moderne, notamment par la présence de Duke Ellington. Joséphine Baker, Cab Calloway et Louis Armstrong (entre autres) sont montés sur ses planches. Toujours côté musique, un arrêt au Théâtre Apollo est essentiel, ne serait-ce que pour contempler cet illustre monument de la culture, situé juste après le croisement entre la 125e Rue et African Square. Avec un peu de chance, il est possible de tomber sur une représentation intéressante pour vraiment en profiter – la reine de New York Alicia Keys y était au lendemain de notre passage.

Consultez le site du Théâtre Apollo (en anglais)

… ou un musée

Pour une tout autre part de culture, le Schomburg Center for Research in Black Culture, sur le boulevard Malcolm X, nous est aussi recommandé par Mme Jackson. Là-bas, l’expérience afro-américaine est mise de l’avant, célébrée, préservée. La littérature noire américaine a connu un tournant pendant la Harlem Renaissance et le centre de recherche vous permettra de constater pourquoi le quartier a longtemps été considéré comme la capitale de la culture noire. Harlem regorge de musées, mais la plupart ne sont ouverts que pendant la fin de semaine. Le Musée national du jazz et le Studio Museum valent le détour. Aux abords de Central Park, l’Africa Center (ouvert du jeudi au dimanche seulement, de midi à 20 h) met de l’avant les talents de la diaspora africaine et ses héritages. Des expositions, des rencontres et toutes sortes d’évènements culturels y sont hébergés. Pour un autre morceau d’histoire, il est possible de visiter la maison du père fondateur Alexander Hamilton, dans le centre du quartier, récemment rénovée et accueillant une exposition au premier étage.

Consultez le site du Africa Center (en anglais)

La nuit tombée, les rues de Harlem deviennent elles-mêmes un spectacle. Le quartier n’exhibe aucune trace d’opulence ou de luxe, et pour cause, cela ne fait pas très longtemps qu’il s’est extirpé de la misère. Sa simplicité fait aussi son charme. En gardant le cap sur les grandes rues, plus sûres et animées, l’ambiance ne déçoit pas le visiteur. L’expérience new-yorkaise, c’est aussi cela, et elle vaut la peine d’être vécue.

Se rendre à Harlem

Le quartier est très bien desservi par les lignes de métro. Les trains 2, 3, A, B, C ou D mènent tous quelque part dans Harlem. Bordé du fleuve Hudson à l’ouest et de la Harlem River à l’est, le quartier débute, au sud, là où Central Park se termine. Des tours organisés vous permettront de visiter de manière ordonnée les incontournables du quartier. On peut notamment faire une tournée à thématique gospel et assister à des messes dans plusieurs églises du quartier. Les hôtels ne sont pas aussi nombreux à Harlem qu’au centre de Manhattan ou à Brooklyn, et les hébergements qui semblent les plus confortables tombent dans une fourchette de prix assez élevés. L’option de se loger à l’extérieur du quartier et de s’y rendre en voiture ou en métro est à considérer.