Le succès des nouvelles marques de luxe américaines laisse Kering de marbre

Le succès des nouvelles marques de luxe américaines laisse Kering de marbre

Michael Kors, Marc Jacobs, Tory Burch, Kate Spade, Diane Von Furstenberg… Fortes de leur succès outre-Atlantique, ces jeunes marques de luxe américaines, plus accessibles que leurs rivales françaises et italiennes, partent à l'assaut de l'Europe et de l'Asie afin de leur prendre des parts de marché.

En février dernier, Bernard Arnault, le PDG de LVMH, se réjouissait des perspectives de croissance de Marc Jacobs, la seconde griffe de son pôle mode & maroquinerie derrière Louis Vuitton, dont le groupe français a prévu l'introduction à Wall Street. Au même moment, le patron du leader mondial du luxe confiait son regret d'avoir cédé, à la fin des années 1990, la participation de LVMH dans Michael Kors, fondée par un ex-directeur artistique de Céline, une griffe du groupe…

Kering (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta) n'a jamais eu de telle griffe américaine en portefeuille. Ce manque ne suscite chez son PDG, François-Henri Pinault, ni regret, ni envie, ni projet. «Ce ne sont pas des marques de luxe, assène-t-il. Elles sont fabriquées en Chine et ne respectent pas nos critères de savoir-faire, de créativité et de choix des matériaux. Elles font du marketing.»

Le succès des nouvelles marques de luxe américaines laisse Kering de marbre

En abandonnant le segment des sacs vendus de 500 à 800 euros pour éviter d'être galvaudé et en visant le luxe exclusif (occupé par Hermès, Chanel et Bottega Veneta), Louis Vuitton et Gucci offrent pourtant un boulevard à ces marques américaines, dont les sacs sont vendus à partir de 300 euros.

«Nous préférons leur laisser des parts de marché plutôt que d'aller sur leur terrain, assure François-Henri Pinault. Le véritable challenge du luxe, c'est de conserver son exclusivité. Gucci ne peut offrir un éventail de prix trop large dans les sacs.» Suivant le modèle Hermès, la griffe florentine préfère miser sur des produits plus accessibles dans d'autres catégories (souliers, accessoires, soie) et se diversifier dans d'autres segments: vêtements et accessoires pour enfants, arts de la table et cosmétiques.

Le succès de Michael Kors et de Marc Jacobs pourrait-il inciter Kering, qui détient uniquement des griffes italiennes, françaises et britanniques (à l'exception du joaillier chinois Qeeling), à étoffer son portefeuille en achetant une griffe émergente américaine? «Nous avons trop de choses à faire avec le luxe pour acheter une marque afin d'entrer dans un autre segment», martèle François-Henri Pinault…