Allnews Les multinationales lorgnent sur la blockchain

Allnews Les multinationales lorgnent sur la blockchain

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Les entreprises mondiales totalisent 6,6 milliards de dollars US d’investissements dans la chaine de blocs. Avec Fiorenzo Manganiello (photo) et Pierre-Emmanuel Besnard de Lian Group.

Luxe, pharma, agroalimentaire : la blockchain ne se limite pas aux crypto devises. Nestlé et LVMH l’ont déjà intégrée dans leur modèle d’affaires alors que Pfizer et Novartis y songent sérieusement. Du stockage d’identités numériques à la traçabilité de produits, ses applications sont illimitées. Ce qui signifie aussi que ces fameux codes d’authentification QR reliés àune chaine de blocs vont se multiplier dans la vie courante. Revue de quelques secteurs en révolution avec Fiorenzo Manganiello, co-fondateur de Lian Group, et Pierre-Emmanuel Besnard, directeur des investissements.

Le luxe va monétiser le marché de seconde main

Dégager des marges sur les produits usagés? C’est bientôt possible grâce à la chaine de bloc qui enregistre toutes les transactions réalisées sur un article de luxe discrètement taggué. Décentralisé et infalsifiable, ce système s’applique déjà au marché de l’art numérique (NFT) par lequel les artistes sont rétribués chaque fois que leur œuvre change de mains. Devant ces perspectives alléchantes, LVMH, Prada Group et Richemont ont, via Aura Blockchain Consortium, commencé à investir sur des projets blockchain. «Ils sont encore en phase pilote, mais le projet devrait aboutir d’ici deux ans», estime Fiorenzo Manganiello. La maison mère percevra des royalties de 4% à 5% sur un sac Dior chaque fois qu’il passera entre les mains d’un nouvel acquéreur. «Ce système permet de s’assurer de l’authenticité d’une marchandise de luxe qui sera revendue entre 5 et 15 fois durant sa vie ainsi que de connaitre ses propriétaires. Certains sacs valent même davantage sur le marché secondaire» explique Fiorenzo Manganiello.

Le luxe n’est pas la seule industrie écornée par le marché noir. Les groupes pharmaceutiques détruisent également chaque année des millions de copies de produits génériques.

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D’autres entreprises préfèrent utiliser des chaines publiques telles que l’Ethereum ou Solana. Ou alors sous-traiter à des spécialistes. En partenariat avec Arianee, une société spécialisée sur la blockchain, Richemont et Breitling ont lancé leurs applications respectives permettant d’authentifier chaque garde-temps relié à un numéro de certificat inscrit sur une chaine. «Ce système permet de suivre la vie complète de la montre dans le marché de seconde main ainsi que de déterminer tous les composants», souligne Pierre-Emmanuel Besnard. Le recel, la contrefaçon et le vol n’en deviendront que plus ardus.

Le luxe n’est pas la seule industrie écornée par le marché noir. Les groupes pharmaceutiques détruisent également chaque année des millions de copies de produits génériques. «Beaucoup de géants tels que Pfizer et Novartis commencent à réfléchir à comment implémenter des QR codes afin d’éviter les marchés de faux», révèle Fiorenzo Manganiello.

L’agroalimentaire se modernise

Précurseur de la traçabilité alimentaire, Carrefour avait lancé une solution pilote pour identifier l’origine de ses poulets d’élevage. Un QR code imprimé sur l’emballage permet d’attester la ferme d’origine de la volaille ainsi que les détails de son alimentation. Cette méthode est particulièrement indiquée pour certifier la conformité des denrées biologiques en toute transparence. Nestlé qui n’échappe pas à la tendance de l’alimentation saine signale selon le même procédé sur ses paquets de purée Mousseline le type de pommes de terre et les normes de qualité du fournisseur pour la production du contenu. «Nous avons même trouvé un producteur Italien de vin qui utilise la blockchain pour faire ressortir le nom du vignoble, le processus de conservation ainsi que le mode de distribution d’une bouteille spécifique», ajoute Fiorenzo Manganiello.

Gain de productivité grâce aux consortiums bancaires

On ne pourrait achever cette revue sans aborder le secteur bancaire qui a investi 100 milliards de dollars US dans la finance décentralisée (DeFi). Corda et R3, qui sont les plus grands consortiums bancaires, ont pour vocation de centraliser les données des clients afin de les rendre disponibles à différentes entités. «Sachant que 45% des forces de travail d’une banque concerne la compliance, partager les identités numériques attestant de la conformité des clients lors de l’ouverture de comptes évite les doublons, ce qui soulage le travail des équipes», explique Fiorenzo Manganiello.

La chaine de blocs va créer une identité numérique enregistrant l’historique du client avec différents niveaux accès, tout en gardant l’anonymat. «On résout le problème des données privées avec des couches de permission. Cela va par exemple permettre d’améliorer les systèmes de credit scoring – FICO score – comme ceux qui existent déjà dans les pays anglosaxons avec les prêts», explique Pierre-Emmanuel Besnard. Une solution qui concoure à éviter le surendettement. Enfin, à côté de ces nouvelles fonctionnalités, tous les produits financiers, y compris les prêts syndiqués, peuvent être tokénisés sous formes de jetons numériques. Ripple, le numéro 5 des systèmes Swift, a déjà construit son propre système de communication entièrement basé sur la blockchain mais aussi sur la crypto devise éponyme, permettant d’effectuer des paiements en quelques secondes. Mais là, on revient au monde des crypto devises…

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