Pourquoi la duchesse de Windsor représente encore aujourd’hui une icône d'élégance ?

Pourquoi la duchesse de Windsor représente encore aujourd’hui une icône d'élégance ?
Portrait
Américaine devenue duchesse britannique par son mariage avec le prince de Galles qui renonce à la Couronne par amour pour elle, l’histoire de Wallis Simpson est digne d’un roman. Les bijoux en font intégralement partie. Commandés aux grands joailliers de la place Vendôme, ils signent l’allure d’une mondaine entrée dans la légende.

Par Gabrielle de MontmorinPourquoi la duchesse de Windsor représente encore aujourd’hui une icône d'élégance ? Pourquoi la duchesse de Windsor représente encore aujourd’hui une icône d'élégance ?

A peine divorcée d’un officier de la Marine alcoolique et violent, Wallis Spencer, née Warfield, convole à nouveau avec M. Simpson, un entrepreneur qui installe le couple en Grande-Bretagne. C’est là, en 1931, qu’elle rencontre Edouard, prince de Galles et héritier de la Couronne. Elle a 35 ans, lui 37. Il tombe fou amoureux d’elle, au point d’abdiquer en décembre 1936, l’église anglicane s’opposant à une union entre son monarque et une femme deux fois divorcée.

Un couple uni par l’amour des bijoux

Devenue duchesse de Windsor, mais non altesse royale, Wallis maudira toute sa vie Buckingham, qui le lui rend bien, interdisant au couple de vivre sur le sol britannique. Cela n’empêche pas le Time de consacrer l’Américaine Homme de l’année 1936. Cette année-là, celui qui va officiellement devenir son mari en juin 1937 lui offre de superbes pièces signées Van Cleef & Arpels : un collier cravate en diamants et rubis composé d’une partie centrale en chute, un bracelet Jarretière en saphirs et diamants ou encore un bracelet en diamants et rubis au fermoir gravé Hold Tight (Tenir bon). Elle raffole des bijoux, il adore l’en couvrir, ce qu’il fera jusqu’à sa mort, en 1972, dessinant souvent lui-même les premières esquisses.

Toujours tirée à quatre épingles et habillée par les grands couturiers, Balenciaga, Schiaparelli, Christian Dior, Givenchy et Saint-Laurent, Wallis Simpson sait tirer parti de ses atouts, une taille de guêpe, un joli port de tête et un regard pétillant d’intelligence. Le plus souvent habillées de gants, ses mains ne sont pas ce qu’elle a de plus ravissant, mais ne la font pas pour autant renoncer à une impressionnante bague de fiançailles, une émeraude de plus de 19 carats achetée chez Cartier. Le joaillier fournit aussi un bracelet en diamant sur lequel viendront s’accrocher au fil des ans huit croix en aigues-marines, émeraudes, saphirs jaunes, améthystes, chacune commémorant un souvenir du couple.

Le goût des parures spectaculaires et colorées

Pourquoi la duchesse de Windsor représente encore aujourd’hui une icône d'élégance ?

Privés des engagements officiels de la Couronne, le duc et la duchesse de Windsor passent leur vie dans les raouts qui se donnent dans leurs lieux d’exil, entre la France, les Bermudes et les Etats-Unis. Maître ès mondanités, le couple a le don de colorer n’importe quelle soirée. Au sens littéral du terme puisque la duchesse de Windsor affectionne les parures chatoyantes. A l’image de cette bague cocktail Cartier à corps d’or godronné et fileté, cabochon de corail cerclé d’émeraudes carrées ou cette broche flamant rose à ramage d’émeraudes, de rubis et de saphirs calibrés. Ou encore cet ensemble en calcédoine commandé chez Suzanne Belperron : deux rangs de boules à fermoir fleur au cœur de saphirs cabochons, paire de bracelets ouverts et boucles d’oreilles à nervure de diamants.

En juin 1953, au bal donné à l’Orangerie du château de Versailles, la duchesse fait sensation en fourreau Dior et collier draperie de Cartier. Le bijou fait rayonner sur l’or torsadé 29 améthystes totalisant 158,9 carats, dont une en forme de cœur, 27 taille émeraude et, sur le fermoir, une de forme ovale facettée. Fournis par le duc, les quartz pourpres se marient à deux cents cabochons de turquoise, confortant ce nouveau goût pour les pierres fines.

L’art des porters inédits

Amatrice de couleurs, la duchesse de Windsor apprécie aussi les bijoux symboliques. Elle sera l’une des premières femmes de la bonne société à porter des panthères. Jusque-là en effet, la joaillerie figurative est réservée à des actrices ou des courtisanes. L’arrivé de Jeanne Toussaint à la direction artistique de Cartier en 1933 change la donne. Surnommée « la panthère », la créatrice, qui porte un manteau en tigre, a bien cerné la personnalité de Wallis. Lorsque le duc lui confie un imposant cabochon d’émeraude oblong, elle n’hésite pas à le coiffer d’une panthère montrant les crocs, donnant naissance à une broche que la duchesse portera à la ceinture. Poser le félin comme une métamorphose de la féminité flirte avec le vraisemblable.

D’autant plus que l’année suivante, la duchesse achète une deuxième broche panthère où le fauve se dresse avec orgueil sur un saphir cabochon de 152 carats, le corps pavé de saphirs calibrés et le regard en diamants jonquille taille poire. Piqué bas sur l’épaule, le bijou confirme le caractère de sa propriétaire.

Ce caractère la conduira d’ailleurs à léguer ses bijoux non à la Couronne, comme le veut la tradition, mais à l’Institut Pasteur. Ce dernier confiera la dispersion à Sotheby’s dans une vente mémorable, en avril 1987, 95 lots rapportant 33,5 millions de dollars. Laurence Graff y achète notamment la bague de fiançailles de la duchesse pour 2,126 millions de dollars et des clips sertis de diamants jaunes pour 2,273 millions de dollars. Personne chez le joaillier n’est hélas aujourd’hui capable de dire ce qu’il est advenu de ces bijoux riches en histoire…

A retrouver sur Vogue.fr :Quels secrets se cachent derrière les bijoux que portait Lady Diana le jour de son mariage ?Piaget dévoile une collection de haute joaillerie en hommage au soleil