Les 15 découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021

Les 15 découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021
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Des lapins apprentis archéologues, des langues en or, un dieu araignée géant, un fantôme babylonien : en 2021, les trouvailles archéologiques ont rivalisé d'originalité. Découvrez notre top 15 des découvertes les plus surprenantes.Les 15 découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021 Les 15 découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021

Vos yeux brillent lorsque vous pensez à Stonehenge ou à la pyramide de Gizeh ? Les mots « fouilles préventives », « Carbone 14 » et « amphore » provoquent de curieux frémissements à la base de votre nuque ? Vous devinez tumulus, cairns et trous de poteaux là où vos compagnons de balades ne voient que les aléas du relief naturel ? Ne résistez plus. Vous avez une âme d’archéologue. Pour vous, le monde est une gigantesque carte aux trésors dont les secrets enfouis ont une vérité à nous apprendre et attendent de nous livrer un peu de merveilleux venu du fond des âges. Alors installez-vous confortablement et lisez, car cette sélection des découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021 est faite pour vous. Vous y apprendrez que les terrains de golf cachent bien leur jeu, que Caligula est tendance à Manhattan et que les forêts de Suède sont encore pleines de promesses…

1. Le dieu araignée

Ce témoin exceptionnel d’une des plus anciennes cultures du Pérou a bien failli disparaître pour de bon. Il y a un peu plus d’un an de cela, au nord du pays, des agriculteurs désireux accroître la superficie de leurs champs détruisent sans le savoir (mais avec tout de même une certaine persévérance…) près de 60% d’un temple pré-hispanique vieux de plus de 3200 ans. Dépêchés sur place, les archéologues tentent de sauver et d’étudier ce qui peut l’être encore et découvrent une peinture murale de 15 m de long figurant une monumentale araignée brandissant un couteau. Motif récurrent dans l’art précolombien, l’araignée est traditionnellement associée au culte de la pluie et de la fertilité chez les Cupinisque, une culture pré-chavin qui se développe vers 1500 à 200 av. J.-C. sur la côte septentrionale du Pérou. Mal documentée, celle-ci n’était principalement connue jusque-là que par sa production de céramiques. Le sauvetage du site devrait donc permettre d’approfondir nos connaissances de cette civilisation fondatrice.

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Cette peinture murale représenterait un dieu-araignée muni d’un couteau © Regulo Franco Jordan

2. De Tivoli à Hollywood, il n’y a qu’un pas…

Le 7 décembre dernier, Sotheby’s proposait à la vente à Londres une sculpture à l’histoire pour le moins mouvementée… Depuis 50 ans, un couple de médecins conservait dans son jardin, à Los Angeles, une sculpture d’ornement « à l’antique » achetée avec l’ensemble de la maison à une ancienne star d’Hollywood. Mais lorsque ces derniers décident de la vendre, ils découvrent avec stupéfaction qu’il s’agit en réalité d’un véritable pilier hermaïque en marbre datant du IIe siècle ap. J.C. Mieux encore, cette figure de koré (« jeune fille » en grec), surnommée The Lansdowne Herm, aurait été découverte en 1769 sur le site de la villa d’Hadrien à Tivoli par le marchand Gavin Hamilton, qui l’a conservée toute sa vie dans sa collection de sculptures. Estimée entre 100 000£ et 150 000£, soit environ entre 118 500€ et 177 800€, elle a finalement trouvé acquéreur pour 75 600£.

En savoir plus sur cette découverte : Un couple possédait sans le savoir une statue antique oubliée dans le jardin d’une ancienne star d’Hollywood

Elle est aujourd’hui estimée environ entre 118 500€ et 177 800€. ©Sotheby’s

3. Le silence est d’or

Du côté du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, l’année fut pour le moins riche en annonces. Mais parmi les nombreuses découvertes dont nous nous sommes fait le relais, celle de dizaines de momies aux langues d’or (en janvier dernier puis à nouveau il y a seulement quelques jours) compte sans doute parmi les plus surprenantes. Les tombes qui abritaient ces artefacts aussi précieux qu’intrigants datent de périodes récentes de l’Égypte antique, et le matériel funéraire qu’elles recelaient témoigne de la pénétration des traditions gréco-romaines dans les pratiques d’inhumation à cette époque. Dans la région du Caire comme d’Alexandrie, les habitants avaient ainsi pris l’habitude de placer une amulette en forme de langue, recouverte d’or, dans la bouche de leur défunt pour leur permettre de parler avec Osiris, dieu des enfers, dans l’au-delà.

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L’une des momies découvertes par les chercheurs à Alexandrie © Ministère des Antiquités égyptien

4. Mort sur le green

Les 15 découvertes archéologiques les plus surprenantes de 2021

Parfois le passé choisit de curieux endroits pour faire irruption dans le présent… C’est ainsi qu’en 2018 on découvrait, à l’occasion de travaux d’entretien, dans l’étang d’un terrain de golf du Lincolnshire, en Angleterre, un cercueil en bois d’une grande rareté, contenant une hache et les restes d’un individu incinéré. Sculpté dans un tronc d’arbre évidé et miraculeusement préservé dans le limon, à l’abri de l’air, il a pu être daté par les archéologues de l’âge du Bronze, une période qui s’étend environ de 2700 à 900 av. J.-C. Une fois extrait du fond de l’étang, le cercueil a été placé dans un entrepôt frigorifique pendant un an afin de prévenir toute dégradation et de permettre aux restaurateurs de travailler à sa conservation.

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Le cercueil mesure 3 mètres de long sur 1 m de large. ©Charlotte Graham

5. Exorcisme en cunéiforme

Certains chasseurs de fantômes officient aussi au British Museum. C’est le cas d’Irving Finkel, éminent assyriologue, dont les recherches sur l’au-delà en Mésopotamie l’ont amené à découvrir ce qui est à ce jour le plus ancien dessin de fantôme connu. Vieux de plus de 3500 ans, le spectre se cachait sur un fragment de tablette babylonienne dont l’inscription (en écriture cunéiforme) explique comment se débarrasser d’un revenant. L’illustration identifiée et interprétée par le spécialiste représente ainsi un homme enchaîné (l’esprit) ramené aux enfers par une jeune femme. Le rituel viserait ici plus précisément à se débarrasser de l’âme errante d’un fantôme en mal d’amour…

En savoir plus sur cette découverte : Le plus ancien dessin de fantôme découvert sur une tablette babylonienne vieille de 3500 ans au British Museum

6. Lapins archéologues

On savait le lapin amateur de carotte mais qui aurait cru qu’il se rêvait également archéologue ? C’est du moins ce que tend à démontrer cette histoire pittoresque advenue au printemps dernier, sur l’île de Skokholm, au pays de Galles, à quelques jours de Pâques…En creusant leur terrier, de besogneux petits lapins ont en effet déterré plusieurs artefacts plurimillénaires. Parmi eux, on compte une pierre biseautée utilisée par les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique tardif (7000-4000 avant J.-C.) et des fragments de poterie provenant probablement d’une urne funéraire de l’âge du Bronze(2100-1750 avant J.-C.). Il s’agit des plus anciennes traces d’occupation humaine de l’île mise au jour.

En savoir plus sur cette découverte : Des lapins déterrent des artéfacts vieux de plusieurs milliers d’années au pays de Galles

Les artefacts ont été retrouvés près d’un terrier. © Richard Brown and Giselle Eagle, WTSWW

7. Dans la grotte des Horreurs

Située dans le désert de Judée, en Israël, la grotte des Horreurs (surnommée ainsi en raison du grand nombre de squelettes, notamment d’enfants, qui y ont été découverts) abritait un véritable trésor archéologique ! De fouilles préventives, visant à préserver les sites culturels du pays menacés par les pilleurs, ont en effet permis d’y découvrir différents fragments de parchemins bibliques vieux de 2000 ans, un squelette d’enfant, partiellement momifié, de 6000 ans, des pièces de monnaie du Ier siècle après J.-C. mais également le plus ancien exemplaire de panier au monde. Constitué de roseaux tressés et miraculeusement conservé, il a près de 10 500 ans et aurait donc été réalisé un millénaire avant l’apparition de la poterie au Proche-Orient.

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Mardi 16 mars, l’Autorité israélienne des antiquités a dévoilé d’exceptionnelles découvertes archéologiques comme des pièces de monnaie datant de la deuxième guerre judéo-romaine. ©Dafna Gazit, Autorité israélienne des antiquités

8. Souvenirs de la peste noire

Cette année, le British Museum a rendu publique son étude de deux pièces de monnaies médiévales, distordues mais infiniment précieuses, découvertes deux ans plus tôt par un détectoriste (qui aura donc eu l’idée judicieuse de les remettre à une entité compétente…) La première, rarissime, est un léopard en or 23 carats, dont on ne conserve que trois autres exemplaires. D’une valeur trop élevée, elle n’a en effet circulé en Angleterre que 6 mois durant l’année 1344, avant d’être remplacée par le noble d’or (un type auquel appartient la seconde monnaie). La majorité des léopards ont alors été rappelés et fondus mais l’épidémie de peste noire qui ravageait le pays a probablement ralenti leur collecte et permis à cet exemplaire d’être épargné… Les experts ne s’expliquent pas encore comment ces deux pièces de générations successives ont pu être préservées ensemble.

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Ce léopard en or 23 carats n’a été en circulation que pendant les 6 premiers mois de l’année 1344 © Trustees of the British Museum

9. Le style Caligula

Surprenante histoire que celle de cette mosaïque romaine créée pour l’un des luxueux navires de l’empereur Caligula (12-41 ap. J.-C.) et reconvertie en table basse. C’est en 2013, lors d’une séance de dédicace, que Dario Del Bufalo, spécialiste des marbres polychromes, entend une antiquaire s’exclamer devant une reproduction présentée dans son ouvrage consacré au porphyre. Celle-ci vient en effet de reconnaître le fragment de mosaïque qu’elle a acquis dans les années 1960 et dont elle a fait l’un de ses meubles préférés dans son appartement de New York. Témoin des festivités de l’empereur despote, la mosaïque a d’abord passé plusieurs siècles au fond du lac de Nemi (Italie) avant d’être repêchée et de disparaître à nouveau durant de la Seconde Guerre mondiale. Malheureusement pour sa propriétaire actuelle (et heureusement pour les curieux que nous sommes), l’objet a été saisi et rapatrié en Italie. Elle est dorénavant exposée au musée des navires romains de la ville de Nemi.

En savoir plus sur cette découverte : Provenant d’un luxueux navire de Caligula, une authentique mosaïque romaine servait de table basse depuis 50 ans dans un appartement à New York

Cette mosaïque a été créée pour orner l’un des deux bateaux de l’empereur Caligula sur lesquels il organisait de véritables fêtes flottantes. ©DRM-Lazio

10. Pompéi en sous-sol

En 2004, des ouvriers découvraient dans le sous-sol d’un cinéma abandonné de Vérone un site archéologique qui allait se révéler tout à fait exceptionnel. Quinze ans plus tard, le travail des archéologues a permis d’identifier les vestiges d’un bâtiment romain de la fin de l’époque impériale (IIe siècle ap. J.-C.) dont le prodigieux décor de fresques et de mosaïques a miraculeusement traversé les âges. Les fouilles ont également mis en évidence un système complexe de chauffage par le sol. Les premières analyses des débris (notamment les restes de meubles carbonisés) laissent penser que le site aurait été abandonné après un incendie, d’où son surnom de « Pompéi miniature ».

En savoir plus sur cette découverte : Découverte d’une « Petite Pompéi » sous un cinéma abandonné en Italie

Les fresques découvertes par les archéologues dans le sous-sol du cinéma rappellent les décors des villas de Pompéi © Soprintendenza archeologia belle arti e paesaggio per le province di Verona, Rovigo e Vicenza

11. Mon précieux

Buffy Bailey n’a pas eu beaucoup à creuser. Le petit trésor, venu tout droit du XVe siècle, attendait sagement, à 10 cm sous la surface du sol, qu’on le rende à la lumière. Lorsqu’elle l’a arraché à la terre, elle n’a pas tout de suite mesuré la valeur réelle de ce petit pendentif d’à peine 15 mm de long, représentant un livre ouvert. Ce n’est qu’une fois nettoyé qu’il a révélé toute la finesse de son décor et son origine probablement royale. Ce livre d’heures en miniature, orné des représentations de sainte Marguerite et de saint Léonard (deux figures protectrices des femmes enceintes et des accouchements) pourrait en effet avoir été réalisé pour Anne Neville (1456-1485), reine d’Angleterre (1483-1485) et épouse du roi Richard III (1452-1485). Sa valeur marchande devrait approcher les 100 000£, soit environ 119 000€.

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Mesurant environ 1,5 centimètre de long, elle pourrait avoir appartenu à Anne de Neville. ©Buffy Bailey

12. Folie détectoriste

En janvier dernier, et au terme d’une année d’enquête en coopération avec les autorités belges, le service des Douanes françaises réalisait la plus grande saisie de pièces archéologiques de son histoire en mettant la main sur une collection de 27 400 artéfacts récoltés illégalement. Ce butin avait été accumulé par un détectoriste qui pillait des sites de l’Est de la France et de Belgique depuis des décennies. Estimé autour de 770 000 euros, il comprenait des dizaines de milliers de pièces romaines mais également des bijoux de l’âge du Bronze et des éléments de parures mérovingiennes. L’individu s’était fait remarquer des services de police en tentant de blanchir une partie de ces trouvailles bien mal acquises.

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14 154 pièces de l’époque romaine ont été saisies par les autorités françaises ©Douane Française

13. Dans une forêt de Suède

Tomas Karlsson n’en avait d’abord pas cru ses yeux. C’est à l’occasion d’une simple balade dans une forêt de la région d’Alingsås, une ville du sud-ouest de la Suède, que cet amateur de course d’orientation est tombé par hasard sur un ensemble exceptionnel de bijoux et de reliques de l’âge du Bronze, probablement déterrés par des animaux sauvages. Pour les experts, la cinquantaine d’objets retrouvés, particulièrement bien conservés, aurait appartenu à une femme de haut rang, et leur étude devrait permettre d’en apprendre davantage sur l’organisation de la société scandinave à l’époque de l’âge du Bronze dit danois (1800-500 av. J.-C.). Il s’agit de la découverte la plus importante de ces quarante dernières années en Suède pour ce qui concerne cette période.

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Ce morceau de collier en bronze aurait pu appartenir à une femme de haut rang de l’âge du Bronze © Mikael Agaton

14. Sur la plage abandonnée

Sous les pavés la plage… d’Herculanum. En octobre dernier, des travaux d’aménagement d’un nouvel itinéraire de visite sont en cours à l’emplacement de l’ancienne plage de la cité d’Herculanum, ensevelie sous la lave et les cendres du Vésuve en 79 ap. J.-C. Des ouvriers découvrent des vertèbres, un bassin puis un tout un squelette, pris dans une gangue de roche volcanique. Les analyses vont révéler qu’il s’agit du cadavre d’une victime de l’éruption volcanique, un homme âgé de 40 à 45 ans, que la coulée de lave a brutalement rattrapé (et bouilli vivant). La curieuse couleur rouge de ses os, qui proviendrait de son sang, témoigne de la violence de sa mort. Pour les experts, il pourrait s’agir du cadavre d’un habitant ou bien d’un officier de marine venu encadrer les opérations d’évacuation.

En savoir plus sur cette découverte : Découverte sur la plage d’Herculanum du squelette exceptionnellement bien conservé d’une victime du Vésuve

L’homme pourrait avoir été tué dans sa fuite vers la mer, ou même avoir été l’un des « secouristes » dépêchés sur place. ©Ciro Fusco Ansa

15. Un trésor dans son jardin

On sous-estime parfois le bonheur que peut procurer une statue de jardin… Il y a quinze ans de cela, un couple d’Anglais achète pour quelques centaines de livres sterling une paire de sphinx en pierre, destinée à l’ornementation de son jardin. On les considère alors comme de simples répliques du XVIIIe ou du XIXe siècle ayant le charme suranné de la ruine et de l’orientalisme. Ce n’est qu’à l’occasion de leur mise en vente, cette année, que leurs heureux propriétaires ont découvert leur valeur réelle. Il s’agit en effet d’authentiques sculptures tout droit venues de l’Égypte antique. Les enchérisseurs, eux, ne s’y sont pas trompés et le lot, mis en vente pour une poignée de livres a finalement été adjugé 195 000 livres sterling (l’équivalent de 230 000 euros).

En savoir plus sur cette découverte : Un couple de retraités possédait sans le savoir deux sphinx antiques dans son jardin

Les enchérisseurs ont décelé leur ancienneté. ©DR/Mander Auctions courtesy

Anne-Sophie Lesage-Münch