Les NFT vont-ils changer la donne en horlogerie ?

Les NFT vont-ils changer la donne en horlogerie ?

Quelques mois après que le terme de "blockchain" soit définitivement passé dans le langage courant en horlogerie, il faut compter avec un nouvel acronyme, que l'on pensait réservé au monde de la high-tech et des cryptomonnaies : les NFT (Non Fungible Token ou jetons non fongibles en français), ces objets numériques certifiés et traçables. S'il fallait simplifier, on pourrait les considérer comme un acte de propriété numérique.

Là où bon nombre de gamers ont, par le passé, acheté en ligne des accessoires ou des cartes spécifiques mais qui restent confinées à leur jeu, les NFT permettent de s'offrir sur Internet un bout ou la totalité d'un objet que l'on ne pourrait pas s'offrir ou que l'on peut avoir en permanence sur soi. En art contemporain par exemple, nouvel eldorado des NFT, des œuvres "Bored Ape"(*) atteignent en ce moment 450.000 dollars sur ces plateformes. Le tableau ou la sculpture se font mobiles et s'admirent à l'envi du bout des doigts. De là à ce que les NFT s'invitent dans le secteur ultrafeutré des passionnés d'horlogerie, il n'y a qu'un pas.

Temps d'avance

Plus que jamais soumis à la spéculation au vu des sommes atteintes aux enchères, le secteur horloger pourrait un peu plus s'ouvrir aux NFT dans les prochains mois. Si beaucoup de marques étudient le système de près, peu se sont encore lancées dans l'aventure de peur d'engager leur image de marque sur un marché plus que volatile. À l'exception d'un des grands noms de l'horlogerie suisse, Jean-Claude Biver, qui a mis aux enchères en mars dernier une montre Hublot Bigger Bang All Black Tourbillon Chronograph via ce système. Plus précisément, c'est un double authentique et numérique de la fameuse montre qu'il a offert au plus offrant sur le Net.

Les NFT vont-ils changer la donne en horlogerie ?

Cette idée de double jeu, c'est justement ce que va proposer Sotheby's prochainement lors de sa vente de dessins originaux du designer de talent Gérald Genta. «Gérald a toujours été en avance sur son temps. Honorer son héritage en repoussant les limites de l'horlogerie résonnait comme une évidence, c'est pour cela que nous avons prolongé ses dessins grâce à ce qui se fait de plus innovant en art actuellement, les NFT», résume Evelyne Genta, son épouse et partenaire.

Tempo périlleux

La question s'est même invitée en octobre lors de la foire horlogère de Dubaï, la Dubai Watch Week, au fil d'une série de conférences sur le métaverse, les bitcoins et les NFT. Autant de mondes parallèles, à la croissance certes gonflée à l'hélium, mais qui ne reposent que sur la croyance de leurs acheteurs, bien souvent pressés de vendre plus que d'acheter. Le moindre séisme peut d'ailleurs faire basculer le système, à l'image de la récente chute observée du côté des cryptomonnaies.

Un colosse aux pieds d'argile qui fait au passage fi de la propriété intellectuelle, comme en témoignent ces fausses Rolex proposées sur le marché. La maison Hermès a, elle, récemment attaqué l'artiste numérique Mason Rothschild pour ses faux sacs Birkin digitaux. Autant de problèmes actuellement à l'étude pour pérenniser ce secteur qui pourrait selon des experts atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars dans les années à venir. La preuve, peut-être, que la réalité finit toujours pas rattraper la fiction, à moins que cela ne soit l'inverse.

* Développé par Yuga Labs et lancée en avril 2021, la collection Bored Ape Yacht Club se compose de 10.000 portraits de singes blasés, vendus avec succès.

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