L’heure de la bienveillance pour l’UBB

L’heure de la bienveillance pour l’UBB

Ce n’était pas l’heure de faire la fine bouche. Les Bordelais ont réussi une vraie démonstration. Elle n’a duré "que" quarante minutes, c’est exact. Mais compte tenu des absences, cette première mi-temps fut un petit bijou. Son verdict fut implacable, 20 à 0 à la pause pour un duel entre le premier et le troisième, le constat est manifeste. Et puis la beauté des essais clamait la supériorité bordelaise : une séquence d’une minute sur le premier tout en dynamisme, une progression impériale des avants sur le second. Deux rubis sertis sur le bijou principal.

Le staff et les joueurs bordelais avaient martelé que les Castrais étaient les rois des regroupements, les spécialistes de l’embrouille légale, du ralentissement judicieux. Pendant quarante minutes, on a vu le contraire, les Bordelais ont su terrasser les Castrais sur leur point fort à coups de séquences rapides, vigoureuses et rythmées. Elles provenaient de sorties propres, le Graal du rugby moderne.

D’ailleurs, le discours de Christophe Urios reflétait ce sentiment du devoir accompli, alors qu’il arrive régulièrement au manager bordelais de relativiser des victoires. Samedi, on l’a senti plein d’indulgence : « Oui, beaucoup de choses m’ont plu. La première mi-temps bien sûr, par notre façon de l’aborder sereinement, le fait d’être précis, propres. Même la deuxième mi-temps m’a plu, par notre façon de nous accrocher, même si nous étions moins performants sur la mise en place de notre jeu à cause, entre autres, d’une mauvaise occupation du terrain. Mais nous sommes restés connectés. »

Une vraie profondeur d’effectif

L’heure de la bienveillance pour l’UBB

Les Bordelais ont eu en plus le handicap de jouer à quatorze pendant dix minutes (carton jaune à Louis Picamoles pour un en-avant volontaire). Si les propos d’Urios étaient marqués par autant de bienveillance, c’est que le patron des Bordelais était bien conscient que les quarante premières minutes magnifiques confirmaient une vraie profondeur dans l’effectif bordelais. Sans les Jalibert, Lucu, Woki, Moefana, Buros, Ducuing, Lam : une telle qualité n’était pas courue d’avance.

On interpréta ainsi son hommage à François Trinh-Duc, personnage central de l’hiver bordelais. La pression qui pèse sur ses épaules en tant que doublure de Jalibert n’est pas mince : « Je l’ai trouvé très bon. Il nous a amené de la confiance par la qualité de son jeu au pied, sa façon de ne pas s’affoler. Il est prêt à assumer cette période très importante pour lui. Il s’est préparé pour ça. Il s’est montré très concentré. C’est un grand joueur et un grand mec. »

Curieusement, son alter ego Yann Lesgourgues se montrait plus exigeant que son entraîneur. Le demi de mêlée landais se disait même "frustré". « On aurait pu mieux faire. » Il fut pourtant un bon animateur mais manquait peut-être de rythme pour décocher des flèches. Il joue une carte importante lui aussi, et son coach voyait dans sa déception mâtinée d’exigence, un signe encourageant de plus.

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