Passe sanitaire: un défi de taille pour les centres commerciaux

Passe sanitaire: un défi de taille pour les centres commerciaux

Malgré l’absence d’une grande partie des touristes et le calme du boulevard Haussmann en ce mois d’août, une file d’attente s’est formée devant le vaisseau amiral des Galeries Lafayette, à Paris. Le célèbre grand magasin contrôle depuis lundi le passe sanitaire de ses clients, en vertu des directives de la préfecture - qui n’avait cependant pas encore publié son arrêté.ion apparaisse.

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Comme les Galeries Lafayette, de premiers centres commerciaux ont dû se résoudre à contrôler leurs clients. Si la loi instaurant le passe sanitaire a épargné les centres commerciaux, elle a autorisé les préfets à prévoir des exceptions pour les plus gros d’entre eux. Dès dimanche soir, plusieurs préfectures ont publié de premiers arrêtés contraignant certains centres à exiger le passe. C’est le cas dans les Pyrénées-Orientales, où la situation épidémique est inquiétante. Trois centres devront s’y mettre. Le préfet de Loire-Atlantique en a de son côté visé six, pour l’essentiel des galeries marchandes abritant des hypers Leclerc. À Paris, enfin, la préfecture de police devait cibler, outre les Galeries Lafayette, le centre commercial Italie 2 ou Beaugrenelle, tandis que le Forum des Halles et les 4 Temps à la Défense devaient être épargnés car ils abritent des sorties de métro.

Le décret publié ce week-end n’a finalement pas laissé aux professionnels les sept jours d’adaptation qu’ils réclamaient. «Il nous faut pourtant anticiper un minimum, explique Gontran Thuring, le délégué général du Centre national des centres commerciaux (CNCC). Les agents de sécurité ne se trouvent pas du jour au lendemain. Les flux d’un centre commercial ne sont pas ceux d’une boîte de nuit ou d’un restaurant: nous devons dans certains cas contrôler 20.000 à 30.000 personnes par jour.»

Passe sanitaire: un défi de taille pour les centres commerciaux

Nhood, la foncière d’Auchan, a affiné dès la semaine dernière son dispositif, appliqué lundi matin dans trois de ses centres. À chaque fois, deux personnes par entrée sont chargées de contrôler les passes sanitaires. Le centre Aushopping d’Avignon, qui contrôle le passe sanitaire depuis hier, compte par exemple six entrées. Une patrouille volante de deux agents de sécurité veille par ailleurs à la bonne marche du contrôle, au cas où des clients seraient mécontents ou récalcitrants. Les prestataires de Nhood en charge de la sécurité recrutent en ce moment même à tour de bras pour faire face à la demande.

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Une baisse de fréquentation redoutée

Le recrutement de forces vives n’est pas la seule difficulté à surmonter. À compter du 30 août, tous les salariés des centres commerciaux concernés devront être vaccinés. «Cela nous laisse encore du temps, mais la situation pourra être ponctuellement difficile dans les magasins qui n’ont qu’un ou deux salariés», souligne Emmanuel Le Roch, le délégué général de la fédération Procos.

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Les quelques centres commerciaux et magasins pour l’instant concernés redoutent surtout une forte baisse de leur fréquentation, alors que les clients non vaccinés pourront aller faire leurs courses ailleurs. Le CNCC et Procos ont d’ores et déjà demandé au gouvernement de «préciser les modalités de son engagement à indemniser les acteurs de la filière à hauteur des pertes qu’ils vont subir».