Enquête : Qui est vraiment Mimi Marchand, la reine des paparazzi et papesse de la presse people ?

Enquête : Qui est vraiment Mimi Marchand, la reine des paparazzi et papesse de la presse people ?

Brigitte Macron et son inséparable Mimi Marchand, a**u Touquet, à la veille des élections le 22 avril 2017. (Éric Feferberg/AFP)

Le garde du corps de Lady Di

Dans sa vie de patron de presse, Axel Ganz en a croisé des têtes de mule. Mais jamais l’ancien kaiser de Prisma n’oubliera Michèle Marchand. Ce seul nom rallume dans ses yeux magnanimes un flash de sidération. « Cette dame existe encore ? demande l’élégant octogénaire dans son vaste duplex Art déco du Trocadéro. Elle m’en a donné du fil à retordre... » C’était au mitan des années 1990, la grande époque de Voici, des tirages exceptionnels à un million d’exemplaires. Aux manettes, Dominique Cellura, un rédacteur en chef coriace toujours en quête de bons fouineurs. Un de ses adjoints lui recommande une certaine Mimi. Sur le papier, pas terrible : près de 50 ans au compteur, une vague expérience dans une revue pour amateurs d’armes, mais quelle vie ! Un roman, au moins ce qu’elle en raconte par bribes, selon les époques et les interlocuteurs ; elle seule détient l’entière vérité. Michèle Marchand est née dans les bacs à teinture, enfant unique et rebelle de coiffeurs de Vincennes, jadis communistes résistants. Fugue à 16 ans, mariage et bébé avant la majorité, avant d’envoyer l’époux infidèle valdinguer, de reprendre une licence de mathématiques et de plonger dans le monde des bagnoles, chez un équipementier d’abord, puis dans des garages parisiens où elle tenait la caisse et dépannait la nuit. « Ensuite, je suis partie en Californie, confie Mimi, les yeux fermés, comme si elle refaisait le voyage dans sa tête. J’ai retapé des maisons puis des Peugeot 403 comme celle de Colombo. Je les récupérais à la casse en France et je les envoyais à Tijuana où on les transformait en petits bijoux. Ça partait comme des petits pains. » Elle ouvre une bière sans alcool : « J’en ai eu marre. Au fond, Los Angeles, c’est Angoulême avec les palmiers. » Les années 1980 défilèrent ainsi, rock’n’roll, avec un certain tropisme pour les gangsters – deux de ses anciens maris ont séjourné derrière les barreaux, l’un est tombé pour un casse qui fit la « une » des journaux avant de l’emporter elle aussi. Les enquêteurs avaient ratissé large en espérant la faire parler. Deux ans de prison. C’est le traumatisme de sa vie, celui qu’elle voudrait à jamais effacer et dont elle est sortie relaxée en 1990. Puis ce fut l’époque des boîtes lesbiennes qu’elle monte avec une amie d’enfance, le Memories, porte Maillot, puis le Cirque, rue de Ponthieu, où les garçons s’invitent une fois par semaine. Mimi s’impose dans le monde de la nuit. Les petites frappes, elle les dresse : « La taule, je l’ai faite comme vous, dit-elle. Les coups de canif, je peux les donner comme vous. » Un soir, un policier des RG, Jean-­François, en filature dans son club pour une histoire d’arnaque à la carte bancaire, tombe sous le charme. Autre vie, autre monde qui se superpose. Michèle Marchand excelle dans le mélange des genres. Nuit et jour, elle tisse sa toile à tous les étages, des petites mains du show-biz aux vedettes, des voyous aux flics en passant par tous les mécanos et les avocats de Paris. Me Thierry Herzog, le célèbre pénaliste, l’a connue à cette époque, avant de la retrouver trente ans plus tard dans la loge de Johnny. « Une sacrée nana », dit-il. L’ex-chef de la « mondaine », Martine Monteil, l’a aussi croisée dans ces années-là. « Elle avait un passé et veillait à bien tenir son établissement, dit-elle. Une femme courageuse et intelligente, plutôt rare dans ce milieu. »

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