L'Inde en passe de devenir le plus gros émetteur de dioxyde de soufre

L'Inde en passe de devenir le plus gros émetteur de dioxyde de soufre
Par Marc Cherki
Publié

La Chine aurait réduit ses émissions de SO2 (dioxyde de soufre) aux seuils prévus en 2030. Mais l'Inde accuse une forte hausse de ce gaz, responsable notamment de pluies acides et de problèmes respiratoires chez l'homme.L'Inde en passe de devenir le plus gros émetteur de dioxyde de soufre L'Inde en passe de devenir le plus gros émetteur de dioxyde de soufre

L'Inde est en passe de devenir le premier émetteur de dioxyde de soufre (SO2) au monde, indique une étude publiée le 9 novembre, dans Scientific Reports, une revue du groupe Nature. Entre 2007 et 2016, la présence de ce gaz nocif, responsable notamment des pluies acides, d'une faible proportion de particules fines dans l'air (entre 10% et 20%) et de troubles respiratoires qui peuvent devenir graves chez les humains, a fortement progressé en Inde. La hausse y est d'environ 50%, tandis que la Chine a réduit ses émissions de 75%, indique la publication qui a réuni des chercheurs de l'université du Maryland (États-Unis), du prestigieux NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et notamment d'un département de l'Environnement du Canada.

La combustion du charbon, principal émetteur de SO2

Le dioxyde de soufre dans l'air est surtout produit par la combustion du charbon, qui contient environ 3% de soufre. Mais depuis le début des années 2000, la Chine a mis en place une réglementation beaucoup plus stricte à l'égard de ces rejets, en décidant de verbaliser les pollueurs qui dépassent les normes et en fixant des objectifs de réduction des émissions de SO2. De ce fait, les niveaux de dioxyde de soufre dans l'air dans l'Empire du milieu ont diminué «de manière très forte, malgré une augmentation de 50% de la consommation de charbon et une croissance de l'électricité supérieure à 100%», estime Can Li, premier auteur de la publication et chercheur à l'université du Maryland et au centre spatial Goddard de la Nasa, l'agence spatiale américaine.

L'Inde en passe de devenir le plus gros émetteur de dioxyde de soufre

En revanche, en Inde, la réglementation a été plus tardive à être instaurée et le pays a ouvert ses plus grosses centrales au charbon en 2012. Ainsi, même si les émissions de gaz à effet de serre de l'Inde restent 4 fois inférieures à celles de la Chine, avec respectivement 3,1 milliards de tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) et 12 milliards de tonnes en 2014 (selon les données extraites du «Climate Watch Data» du «think-tank» américain WRI), le pays est en passe de devenir le premier émetteur mondial de dioxyde de soufre anthropique (produit par l'homme), indiquent les chercheurs.

L'originalité de ce travail repose sur l'obtention des données pour le SO2. D'abord, les chercheurs ont estimé les émissions à partir des inventaires d'usines, de centrales électriques, d'automobiles et d'autres contributeurs aux rejets atmosphériques de dioxyde de soufre. Mais ces valeurs sont souvent incomplètes et généralement anciennes. (Avec cette méthode, les émissions de CO2 de la France sont connues seulement pour 2015).

Inventaire, satellite et mesures en avion

Pour compléter leurs estimations, les scientifiques ont utilisé d'autres données, déduites à partir de l'instrument OMI du satellite Aura de la Nasa, mais qui mesure seulement les sources significatives de SO2. De nouvelles techniques permettent d'estimer les émissions de 500 sources majeures de dioxyde de soufre dans le monde, dont 47 pour l'Inde et 82 pour la Chine. Enfin, pour calibrer les données déduites des relevés satellitaires, deux scientifiques ont estimé les concentrations de SO2 avec un avion météorologique qui a survolé, en 2016, lors de 11 missions des zones industrielles de l'Empire du milieu, dans la province du Hebei.

Il a pu être estimé que Pékin avait déjà atteint, en matière de SO2, ses objectifs pour 2030. Toutefois, Can Li, précise que ces estimations ne reflètent pas la «situation exacte au sol». De ce fait, à l'instar d'autres scientifiques dans le monde, il milite pour avoir davantage de données obtenues à partir de satellites, même si ces valeurs ne sont pas toujours fiables, notamment lors du passage du passage de nuages qui brouillent les relevés.