Incursion dans la mine de zircon de Diogo au Sénégal

Incursion dans la mine de zircon de Diogo au Sénégal

La société Grande Côte Operations (GCO) a démarré l’exploitation du zircon au Sénégal avec la mine de Diogo dans la région de Thiès en 2014 avec une production de 9 040 tonnes de zircon. Elle a progressivement augmenté ses volumes passant de 41 836 tonnes en 2015 à 52 627 tonnes de zircon en 2016La société Grande Côte Operations (GCO) s’était fixée comme objectifs, pour l’année 2018, d’atteindre 90 500 tonnes de zircon et 540 000 tonnes d’autres minerais lourds (Ilménite, Rutile, Leucoxène). L’objectif à long terme de la mine Diogo est de produire 85 000 tonnes de zircon.

Mais l’atteinte de cet objectif semble être minée, selon le ministre Sénégalais des Mines et de la Géologie. Oumar Sarr qui s’exprimait, jeudi 8 juin 2021 au terme d’une visite des installations des Industries chimiques du Sénégal (ICS), de la société Grande Côte Opérations (GCO), société qui exploite du zircon à Diogo et ses sites de recasement et ceux réhabilités a soutenu que « le pays ne gagnait pas assez de l’exploitation minière ».

Lors de cette visite, M. Sarr a annoncé un « toilettage » de la législation encadrant l’exploitation des ressources minières, pour permettre à l’État d’en tirer davantage profit. Annonce faite après une visite du site minier de Diogo, entre Dakar et Saint-Louis. La société Grande Côte Opérations (GCO), contrôlée à 90 % par le groupe français Eramet et à 10% par l’État du Sénégal, y exploite des sables minéralisés depuis 2014, essentiellement de l’ilménite et du zircon. Accusée d’« opacité » par des responsables de la société civile, dans un secteur sensible et très fermé, GCO a exceptionnellement ouvert ses portes à la presse. Comment fonctionne le site ? À quoi servent ces sables minéralisés, où sont-ils vendus ?

Elle ne s’arrête jamais. 24 heures sur 24, la drague géante de 50 mètres de long sur 17 de large aspire le sable des dunes de Diogo. Elle se déplace d’environ 30 mètres par jour sur un bassin artificiel.

Incursion dans la mine de zircon de Diogo au Sénégal

« Nous sommes devant ce que nous appelons la mine de GCO. Comment ça se passe ? Vous voyez devant une drague. L’exploitation se passe 6 mètres en dessous du sol. Elle prend le sable et l’envoie à l’usine de préconcentration », explique docteur Mahamat Seck, directeur de la planification et de la géologie.

Une usine flottante, pour un premier tri. Les dunes ne contiennent que 1,5% de sables minéralisés : ilménite, zircon, leucoxène et rutile. Le reste, le « simple sable » est rejeté à l’arrière du bassin, « à un kilomètre derrière », précise-t-il.

Il faut ensuite séparer les quatre produits, dans une deuxième usine… Casque, chaussures de sécurité, gilet de signalisation sont exigés. « On peut classifier ces produits en deux familles. L’ilménite, le rutile et le leucoxène sont des produits titanifères utilisés dans la peinture, pour les plastiques et les papiers. L’autre famille est celle du zircon qui résiste beaucoup à la chaleur et a aussi des propriétés blanchissantes, c’est pourquoi il est utilisé dans le l’abrasif, le nucléaire et la fonderie », décrit l’ingénieur Saliou Mbaye, coordinateur de la production.

Selon le ministère des Mines, GCO a produit plus de 521 000 tonnes d’ilménite, de couleur noire, et 85 tonnes de zircon, beige clair. « Les gens associent le zircon à un produit qu’on retrouve dans la joaillerie, dans les bijoux. Vous avez bien vu que ce n’est absolument pas celui-là [qui est ici], nous on parle de sable de zircon », précise Benoît Robitaille, directeur général de GCO.

Le sable de zircon est celui qui a le plus de valeur sur le marché. « En moyenne historique sur 5 ans, l’ilménite est entre 220 et 250 dollars la tonne. Le zircon en ce moment est autour de 1 450 dollars américains la tonne », ajoute-t-il.

La société possède ses propres trains pour acheminer les produits vers le port de Dakar avant l’export, vers l’Espagne, le Portugal, la France, la Chine, le Japon ou encore les États-Unis. La société prépare actuellement une nouvelle phase d’exploitation dans la région voisine de Louga.

Moctar FICOU / VivAfrik

Avec RFI