Covid-19 : contagiosité, vaccins Tout ce qu'il faut savoir sur le variant indien

Covid-19 : contagiosité, vaccins Tout ce qu'il faut savoir sur le variant indien

Il provoque des records de décès et a déclenché une crise sanitaire majeure dans le deuxième pays le plus peuplé du monde, avec près de 30.000 contaminations par jour. Le variant indien, qui donne lieu à des scènes apocalyptiques à New Delhi et dans tout le pays, suscite de vives inquiétudes. Après les variants britannique, brésilien, californien et sud-africain, quel est ce nouveau variant qui touche désormais la France depuis jeudi 29 avril ?Covid-19 : contagiosité, vaccins Tout ce qu'il faut savoir sur le variant indien Covid-19 : contagiosité, vaccins Tout ce qu'il faut savoir sur le variant indien

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Le variant B.1.617, plus communément appelé variant indien, a été détecté pour la première fois en octobre 2020 à Ngapur, dans l'État du Maharashtra, au centre de l'Inde. Depuis son apparition, il a provoqué plus de 200.000 décès dans le pays , et s'est répandu sur tous les continents. Qualifié de «double mutant», il se caractérise par la combinaison de deux mutations préoccupantes, déjà connues mais non-associées jusqu'ici, au niveau de la protéine «spike» du virus Sars-CoV-2, la clé qui permet aux virus de pénétrer dans nos cellules.

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Beaucoup d'interrogations demeurent autour de ce variant encore récent. Du côté des symptômes, pas de différence notable avec ceux du Covid originel : maux de tête, congestion nasale, maux de gorge, douleurs musculaires. «On en voit (des malades, NDLR) atteint de diarrhée, comme ce fut le cas à New York l'an dernier, a précisé au Figaro Anurag Agarwal, directeur de l'Institut de génomique et de biologie intégrative de Delhi. Et le climat étant chaud et sec cette saison, certains saignent du nez ou de la gorge parce qu'ils toussent ou éternuent davantage».

Au niveau de la contagiosité, le constat est plus alarmant. Un simple coup d'œil sur le schéma ci-dessous suffit pour constater un taux de reproduction particulièrement fort en Inde.

Covid-19 : contagiosité, vaccins Tout ce qu'il faut savoir sur le variant indien

«Le B.1.617 a un taux de croissance plus élevé que les autres variants en circulation en Inde, ce qui suggère une plus grande contagiosité», a confirmé jeudi l'OMS dans son compte-rendu hebdomadaire. Toutefois, l'instance onusienne a précisé que «d'autres conduites» pouvaient expliquer la propagation du virus dans ce pays surpeuplé, comme le non-respect des restrictions sanitaires et les rassemblements de masse. Dans une note du 23 avril, le Conseil scientifique a également appelé à «une certaine prudence» au vu du «manque de données épidémiologiques corrélées aux résultats virologiques de séquençage moléculaire».

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Pour le moment, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne l'a donc pas encore classifié comme «préoccupant», mais simplement comme «variant d'intérêt», précisant que «des recherches supplémentaires» notamment sur la contagiosité, la sévérité et le risque d'une réinfection du variant indien «sont (...) urgemment nécessaires». Rappelons qu'à ce stade, seuls trois variants sont considérés par l'OMS comme «VOC» ou «Variant of concern», c'est-à-dire plus dangereux par la contagiosité, la mortalité et la résistance aux vaccins : ceux venus du Royaume-Uni, du Brésil et d'Afrique du Sud.

Le variant B.1.617 a ce point commun avec les souches plus anciennes qu'il reste détectable par les tests PCR, même si des médecins du Rajiv Gandhi Cancer Institute de Delhi confient avoir remarqué qu'il migrait rapidement vers les voies respiratoires. Dès lors qu'il a infecté les poumons, il peut donc ne plus être présent dans le nez ou la gorge, et passer inaperçu. «La possibilité de détecter le virus par test PCR est plus importante avant l'apparition des symptômes. Après, cette probabilité diminue au bout de sept jours», a expliqué au Figaro Anurag Agarwal. Il est nécessaire, dans ce cas, de réaliser une radio des poumons.

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Selon le Conseil scientifique, aucune donnée solide ne permet encore de statuer sur l'efficacité des vaccins sur le variant indien. «La mutation L452R pourrait diminuer la sensibilité de ce variant aux anticorps», précise toutefois l'instance française, déclarant également que «la mutation E484Q est proche mais différente de la mutation E484K qui facilite un échappement partiel aux vaccins». «On peut donc s'attendre à une efficacité vaccinale conservée mais diminuée», conclut le Conseil scientifique. Interrogé jeudi sur RTL, l'un de ses membres, Bruno Lina, s'est pourtant voulu rassurant, affirmant que «pour l'instant, les premières données qu'on a de la part des Indiens, c'est que les vaccins protègent contre ce virus».

Le variant a été détecté pour la première fois dans l’Hexagone jeudi, avec trois cas confirmés par le ministère de la Santé. Dans le Lot-et-Garonne, il s’agit d’une femme revenue d’Inde, symptomatique et testée positive le 9 avril, alors qu’elle souhaitait retourner en Asie. La patiente s’est «isolée avec sa famille à son domicile», a précisé le communiqué du ministère de la Santé. «Tout le dispositif de retrotracing, d'isolement et de protection de toutes les personnes a été mis en place vis-à-vis de ce variant indien», a certifié de son côté Benoît Elleboode, directeur régional de l'ARS Nouvelle-Aquitaine. Le même jour, deux autres cas ont été détectés dans les Bouches-du-Rhône concernent «deux personnes arrivant d'Inde, sans lien l'une avec l'autre», «mises en quarantaine immédiatement après leur arrivée» et «testées positives au tout début de leur quarantaine, respectivement le 19 et le 27 avril». En Guadeloupe, plusieurs cas avaient déjà été recensés la semaine précédente.

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D’autres suspicions d'infection par le variant B.1.617 ont été signalées en France métropolitaine selon le ministère, notamment à Bordeaux, chez des personnes ayant séjourné en Inde. Depuis le 25 avril, toutes les liaisons directes en provenance et à destination de l'Inde ont été suspendues.

États-Unis, Canada, Australie... Déjà présent sur les cinq continents, le variant indien a été détecté à ce jour dans «au moins 17 pays» selon l'OMS, dont plusieurs États européens : Belgique, Suisse, Grèce et Italie. La plupart des cas viennent de l'Inde, du Royaume-Uni, des États-Unis et de Singapour.